Spatzo a écrit:Improviser c'est faire quelque chose que tu n'as encore jamais fait (1) ce qui veut dire qu'il faut énormément de mémoire (2) et beaucoup de goût et de sincérité (3)
(1) Comme dans la vie, on improvise chaque jour des choses nouvelles dans des rues qu'on connaît...
(2) On dresse bien les ours dirait Leibnitz.
(3) "Chez les Indiens d'Amérique du Nord, le comportement de visionnaire était hautement stylisé... la vision n'était pas une expérience mystique démocratiquement accessible à quiconque la recherchait mais bien une méthode soigneusement gardée pour conserver à l'intérieur de certaines familles l'héritage de l'appartenance à la société des sorciers... Les jeunes gens qui désiraient entrer dans la puissante société devaient se retirer dans la solitude, jeûner, revenir et raconter leurs visions aux anciens, cela pour se voir annoncer, s'ils n'étaient pas membres des familles de l'élite, que leur vision n'était pas authentique."
M. Mead, Continuities in Cultural Evolution
En résumé, improviser c'est :
(1) Faire comme quand tu conduis dans une ville que tu ne connais pas : te débrouiller avec ou sans plan et avec les autres qui, eux, connaissent ou ne connaissent pas.
(2) Avoir appris par coeur, comme un ours qui jongle, tout ce que tu peux retenir concernant le style dans lequel tu veux "jouer".
(3) Trouver un ou plusieurs vieux spécialistes du style (copains moins pires que toi, journaliste, guitariste, etc.) qui te donnent l'imprimatur et permettent à tes fautes de goûts de s'afficher comme des traits "personnels", "originaux", "inventifs", etc. : bref, qui dit que tu peux te ("le") permettre des écarts au style, ici le "man-nouche" !
(4) Si tu ne trouves pas le "vieux" pour estampiller ta sensibilité, tu resteras un technicien - cherchant au mieux à éviter les fautes de goût !
Non ?


