par grodeg » 06 Juin 2012 16:29
Salbris 2012. Une découverte.
Au départ quelques angoisses tout de même. C’est que bourré de ploucs d’une part, et a priori infesté d’individus peu recommandables vivant dans des roulottes et se nourrissant de jambes d’enfants laissés à la porte des églises pour gagner trois sous, je ne me sentais pas bien rassuré.
Surmontant mon instinct naturel me dictant de m’éloigner de la populace je me suis risqué dans cette contrée reculée, protégé par Trevor qui pour l’occasion avait accepté de faire mon garde du corps.
Arrivé sur place première surprise, pas de vaches.
Par contre un Gropig, et pas n’importe lequel. Galurin et pompes deux tons, c’est pour le style littéraire, le bougre a la gouaille d’un vrai titi parisien et la gentillesse de ces peuplades primitives dont l’hospitalité est comme une marque de fabrique.
Plus de dix piges qu’on se connait virtuellement et première rencontre. Le coup de foudre. Kilbus de rouquin et fromage de chèvre en bandoulière nous sommes invités à faire un graillon à ses cotés.
Le Trevor plus introduit que mézigue dans le grand monde de la manoucherie, enfin quand je dis introduit n’y voyez pas malice, me présente au détour de l’achat d’une andouillette frite danl, célèbre manouchonaute, salaud d’ouvrier retraité de son état.
Deux bières plus loin, se pointe un Seigneur du monde de la manoucherie virtuelle, Amati, boutonneux dans l'âme, ayant troqué sa boite à frissons contre un appareil photo pour l'occasion.
Faut reconnaitre que c'est sympa ce petit coin, on fait connaissance d'amis de longue date avec ombre garantie, bière à volonté, musique jusqu'à plus soif.
Le Trevor baguenaude, nez au vent, bite sur l'oreille, de luthier en luthier, intéressé par un savoir que le bougre maitrise déjà plus que bien, mais nous en reparlerons une autre fois, pendant que je m'écroule bière à la main au côté du Gropig.
Mais musicalement me direz-vous, oui musicalement. Parce que c'est bien beau de raconter sa life comme disent les jeunes, mais bon, Salbris, c'est de la musique.
Et bien je m'en tape. Perso j'étais venu rencontrer Gropig et pis c'est tout.
Bon j'exagère un peu, il y avait aussi les Pommes de ma douche et Opa Tsupa.
Deux groupes jamais écoutés en live mais sur galette.
Je vous en reparlerai mais avant tout, il y a eu ce petit gamin, Odenson si j'ai bien tout suivi, qui jouait du trombone à coulisse. Merveilleux moment. Ah bien sûr le puriste y trouvera toujours à redire malgré le jeune âge du garçon. Et bien pas moi. Ce petit, je peux me permettre c'est vraiment un enfant, a l'œil vif, regarde tout, écoute tout, est attentif à ses collègues de jeux, et rentre avec jubilation dans les morceaux comme un vrai pro. Un vrai moment d'artiste et chapeau bas pour le minot.
Malgré de si bons moments, j'attendais Opa Tsupa avec impatience. Leur première galette, 3 francs six sous m'ayant chatouillé les oreilles avec plaisir.
Entre drôlerie, mélancolie, swing, jeu de scène, mimiques ils m'ont à nouveau emporté dans leur univers et de grands éclats de rires musicaux. A écouter et voir sur scène sans retenue. Je n'ai pas osé aller leur serrer la louche, ma grande timidité m'en ayant empêché, et des vedettes pareilles, ayant fréquenté les palaces de Miami, juste à côté de Los Angeles à ce qu'ils disent, doivent être lassées des assauts de leurs groupies.
Pour s'en remettre, vous vous en doutez, on s'est envoyé une bonne binouze derrière le cornet pour faire passer les dernières notes afin de faire de la place pour les Pommes.
J'ai eu le plaisir de la leur serrer à eux, le Gropig étant un compagnon de route.
Comme des grands timides ils ont démarré, tranquillou, en première coulée, décontracté du gland. Et puis, et puis, c'est venu, Brassens, Trenet, une musique de l'âme, jouée par des mecs sympas, pêchus, qui ont fini par faire monter la sauce au point de se faire retenir par un public un peu éteint par la chaleur et l'âge.
Rien que du bon, dans une ambiance saine, pas le concours de bites de musicos avides d'escalades chromatiques, de toute façon c'est la moitié au Gropig qui l'a gagné le concours alors c'était pas la peine de la ramener pour se faire ridiculiser.
Après une dernière binouze, quelques conneries en compagnie de l'Amati et du Gropig, nous nous en sommes retournés comme deux grandes filles à la civilisation en oubliant d'aller écouter Dorado Schmidt. Oubli volontaire. Aller écouter un manouche dans un festival de jazz manouche, c'est d'un commun indigne d'un mélomane averti.
Que les ouvriers tuent leurs patrons ou que les Russes et les Allemands se tirent dessus, ce n'est que changement de propriétaires
H.Hesse