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discographie de Serge Krief

comme son nom l'indique

Re: discographie de Serge Krief

Messagepar maxounet » 13 Mars 2012 15:05

Je fais un bilan de mes cours avec Serge pour ceux que ca intéresse, je suis arrivé chez lui avec pour seuls bagages mes connaissances du dvd de Romane(triades etc...).
Au delà d'une gentillesse et d'une passion communicative, il m'a filé des plans, des explications théoriques, des valses mortelles, des éxos de médiator, des éxos de pompes, des arpèges;
Et surtout appris à ammener mes idées dans mes solos.
Je suis parti le voir jouer à la taverne de cluny et j' ai pu boeuffer avec lui sur scène, il m'a fait crédit quand j'étais en galere de thunes... en gros c'est un prof en or et un mec cool et passionné.

Pour moi que du positif.... :wink:
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Re: discographie de Serge Krief

Messagepar mamelouk » 13 Mars 2012 18:03

Ca donne envie de prendre des cours avec lui ton histoire !!!
Malheureusement à Foix y doit pas y passer souvent !lol ...
Mais par contre dans mon coin y a Steeve Laffont et rudy Rabffety qui squate, et j'ai un plan pour me brancher avec eux, j'espère qu'il y aura moyen d'apprendre avec eux !! :?: :?: :?:
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Re: discographie de Serge Krief

Messagepar Gringo » 13 Mars 2012 19:15

http://www.youtube.com/watch?v=QIqhturp03M

On aime ou pas peu importe... mais il a un style unique, et ca c'est très rare...
Je le vois un peu comme le punk du manouche, il a un jeu très tendu, dissonnant et ca reste mélodique...Bref c'est un très grand.
[Savoir que l'on est con c'est déjà l'être un peu moins...]
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Re: discographie de Serge Krief

Messagepar joel » 14 Mars 2012 13:51


Lien vers la vidéo
:aclame: :aclame:
Et les pompes de Yayo et Fanto :aclame:
Et dire qu'on fait des gorges chaudes de Django...
David Guetta avec un seul doigt il domine le monde de la musique.
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Re: discographie de Serge Krief

Messagepar mamelouk » 14 Mars 2012 14:50

gringo , c'est ça que j'aime dans le jeu de Serge et que je trouve aussi grand !!! :aclame: :applause: :D :D :D :D
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Re: discographie de Serge Krief

Messagepar mamelouk » 14 Mars 2012 14:54

Je suis rassurer les gars , à notre époque il me fait encore surkiffer !!!!!! merci pour la vidéo Joel

En fait je crois que ce ce que je kiff c'est quand il est sur une gratte manouche sèche et pas electro . Il a vraiment un jeu mémorable !
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Re: discographie de Serge Krief

Messagepar Mitch » 15 Mars 2012 11:38

ah ouais cà c'est du grand Serge... dommage qu'il y ait ces bruits de manège à la con mais là y'a pas de verbiage c'est que du bon et du putain de feeling ! :D

Mamlouk voici pour toi une interview réalisée par Yann en 2008,


Serge Krief

J'ai un immense respect pour Serge Krief que j'ai eu la chance de voir en concert en 2001 après un spectacle de Zingaro. C'est un grand privilège d'avoir pu lui poser quelques questions. Sa musicalité et sa générosité en font quelqu'un de rare. Qui plus est, c'est l'un des professeurs de swing manouche les plus réputés de Paris. C'est un vrai passionné, qui est arrivé à son niveau grâce au travail et aux très nombreuses heures passées sur la guitare... Serge Krief est un musicien qui se met rarement en avant, qui aime rester discret et qui donne tout pour la musique.


Dans quelles conditions as-tu commencé la guitare ? Qu’est-ce que le flamenco a représenté pour toi au départ ?

J’ai commencé la guitare assez jeune, vers 12-13 ans, je ne me rappelle plus trop, mais il s’est passé un truc bizarre. Je suis passé chez un ami à moi et ses parents m’ont vu jouer de la guitare, à 12-13 ans, ils sont venus me voir et m’ont dit : « C’est bien comment tu joues le folk et tout ça là mais il faudrait que tu écoutes ça » et ils m’ont donné un disque de Django Reinhardt. J’ai pris le disque et je me suis dit que je ne jouerais pas ce truc, que c’est trop vieux pour moi, c’est une drôle de musique, ça ne m’intéresse pas, et j’ai lâché l’histoire. J’ai commencé à jouer du flamenco, du blues, beaucoup de blues jusqu’à l’âge de 18-19 ans jusqu’au jour où mon grand frère Patrick, qui avait pris des cours de guitare dans le style de Django Reinhardt, m’a dit qu’il venait d’apprendre un morceau qui s’appelle « Nuages » et il m’a demandé si je voulais l’écouter. Je lui dit que oui, j’aimerais bien. Quand il m’a fait le morceau, je me suis dit que j’avais déjà entendu ce morceau quelque part. Je retourne dans mes archives et je retrouve le vieux disque que le monsieur m’avait donné qui est « Le disque d’or de Django », j’ai écouté Nuages et ça y est, c’était fini. J’ai écouté le Django et je me suis dit que c’était ça que je voulais faire. Je devais avoir 19-20 ans, un truc comme ça.

Sinon, vers 16-17 ans, j’avais écouté Paco de Lucìa, c’est la première fois que j’écoutais ce genre de musique. A Sarcelles, tout le monde jouait les Rolling Stones, ce genre de musique. Et moi j’avais écouté Paco de Lucìa avec McLaughlin et je m’étais dit que j’aimerais bien faire ce genre de trucs et donc j’ai essayé. Je jouais ce genre de musique mais c’était vraiment pour m’amuser, déjà parce que premièrement j’étais à l’école, et deuxièmement je ne voulais pas faire autre chose. C’était vraiment ce truc qui m’intéressait, soit le blues avec Johnny Winter - quand j’ai commencé j’écoutais Johnny Winter grâce à mon frère Patrick - soit Paco de Lucìa avec McLaughlin, et alors là c’était fini, il ne fallait plus me parler de personne ! Et puis manque de chance, ou plutôt avec de la chance, mon frère a pris des cours chez un type qui jouait du Django et qui lui a appris Nuages et voilà, c’était fini ! J’ai entendu ça, et finish !

Raconte-nous ta rencontre avec Matelo Ferré. Et la façon dont tu as appris avec lui.

Matelo, c’est simple. C’est son fils Boulou Ferré qui m’avait vu faire la manche, je crois que c’était à la Grande Motte d’après mes souvenirs, et il m’avait dit : « Tu sais Serge, je joue dans un restaurant, viens me voir pour écouter » et des fois à la fin de soirée, il me disait de faire un petit morceau, juste avec lui et son frère Elios, qui joue très très bien - il joue merveilleusement bien Elios. Et moi j’ai joué avec lui et un jour il m’a dit : « Ecoute, il faut que tu ailles voir mon papa. » Je lui ai dit « Quoi ? Matelo Ferré ? » Il me dit « Il faut que tu ailles voir mon père pour aller prendre des cours chez lui. » Je n’ai pas voulu, j’avais honte, Matelo c’est la référence et ça fait peur quand même, alors Boulou a pris le téléphone, et il m’a dit « Je téléphone moi parce que tu as l’air d’être timide » et il a dit « Allo papa, je te passe un petit jeune qui veut prendre des cours avec toi. » Ca a commencé comme ça. J’ai rencontré Matelo et ça a été le tournant de ma vie, vraiment, vraiment, vraiment. C’est là où j’ai vu ce que c’était la musique de Django, enfin la musique, vraiment pour moi, ce qui m’intéressait. Quand Matelo jouait un morceau comme « Sweet Georgia Brown » par exemple, du début à la fin, il y avait une mélodie et moi je passais par tous les arpèges et je disais : « Matelo, dites-moi mais c’est pas possible ça, moi quand je fais Sweet Georgia Brown, il y a un mi 7e, je fais un mi 7e, il y a un la 7e, je fais un la 7e, etc. » Et lui il jouait le mi 7e, le la 7e, avec une mélodie. Je ne sais pas comment il faisait, enfin à l’époque. Je pétais les plombs ! Et c’est là où j’ai commencé à réfléchir, je me suis dit « C’est pas possible, il va falloir jouer autre chose, il faut jouer autrement » parce que pourquoi lui Matelo - bon lui il avait l’expérience et pour moi c’était un des plus grands guitaristes du monde, enfin pour moi, c’est personnel, c’était un des plus grands guitaristes que j’aie rencontré dans ma vie - il y arrivait. Il me disait : « Ca va venir, petit, ça va venir. » Et c’est grâce à lui que j’ai compris qu’il fallait jouer avec son cerveau et son coeur. Travailler les arpèges, c’est superbe, il faut tout apprendre, mais lui il avait une manière de jouer, lui jouer vraiment la musique. Et ce jour-là, je devais avoir à peu près 23 ans, c’est lui qui m’a guidé vers la mélodie en fin de compte. C’est grâce à Matelo.

Et tu as pris combien d’années de cours avec lui ?

Je crois que j’ai pris 6 ans. C’était devenu non seulement mon maître mais des fois je lui téléphonais à 10-11h, sa femme me disait : « Qu’est-ce qu’il y a ? », « Il faut que je parle à Matelo » et je lui disais « Je comprends pas, j’y arrive pas. » Il me disait : « Ca va venir. Viens me voir demain. » Et j’y allais le lendemain. C’était un homme exceptionnel, et d’une bonté comme je n’en n’ai jamais rencontré, d’une gentillesse, et d’un talent : un génie ! Une classe exceptionnelle Matelo ! Il te faisait comprendre vraiment ce qu’il fallait comprendre. C’était vraiment un grand monsieur, le grand monsieur.

Tu te définis comme un laborieux. Quelle est la différence entre un laborieux et un talentueux ?

Moi je ne suis pas talentueux. J’ai travaillé. Je ne suis pas doué mais par contre, j’ai beaucoup travaillé et le don, c’est super, c’est exceptionnel. J’ai beaucoup d’élèves qui sont doués et quand je les vois je me dis que si j’avais été comme ça quand j’étais jeune, j’aurais été content. Mais, comme je n’avais pas le don, j’ai travaillé et en travaillant tu récupères beaucoup de choses. J’ai vraiment bossé, bossé, bossé. Je te mens pas : des 15h, des 17h par jour pendant à peu près 10 ans. Après je me suis calmé. Si je fais déjà 5 heures par jour, je suis content mais c’est dur, si je pouvais faire plus, je le ferais.

As-tu souffert du fait de n’être entre guillemets qu’un laborieux ?

Non, ça stimule, c’est ça le stimulant. Quand tu vois des gens qui sont hyper doués et toi tu sais que tu n’es pas forcément doué, c’est psychologique, tu veux montrer que tu es pareil. Bon tu n’es pas pareil mais tu veux montrer que tu es pareil. Alors tu travailles. Et je peux t’assurer que le travail, doué ou pas doué, tu arrives au même résultat un jour. Un type doué qui travaille, il arrivera au plafond, tant mieux je lui serre la main, je l’embrasse. Un mec qui est pas doué et qui travaille, tu lui serres la main et tu l’embrasses parce que, quoi qu’il arrive, le temps fait que si tu crois en ce que tu fais, comme un mec doué qui le fait en 5 ans, toi tu y arriveras en 10 ans. Quoi qu’il arrive, il y arrivera.

Est-ce que ce n’est qu’une question de temps ? Il y a aussi la question de la méthode. Quand tu travaillais la guitare 10h par jour, comment est-ce que tu organisais ton travail ?

En général, tu sais, grâce à Django Reinhardt, il y a toujours des phrases à travailler. Tout le monde les fait, si tu n’y arrives pas, c’est qu’il y a un problème déjà. Donc comme tout le mode les fait, il faut absolument que tu les fasses pour commencer à trouver ton style, pour commencer à avancer. Tu sais, il faut avoir de la technique pour pouvoir jouer lent. Quand tu as beaucoup de technique, tu peux savoir jouer lent. Quand tu as maîtrisé un minimum de technique, tu es satisfait déjà toi. L’essentiel c’est d’être satisfait de soi, c’est pas que les gens te disent « Tu joues bien, t’es un maître » et quand tu rentres chez toi, tu sais la vérité, tu sais que tu as galéré, que ça a été très dur. Et par contre, quand tu es bien dans ta peau, c’est là où même un compliment, ça devient un chef-d’oeuvre. A partir du moment où tu es bien dans ta peau. Quand tu es mal dans ta peau, on peut te féliciter tout ce que tu veux, te dire « Oh merci, merci », etc., quand tu rentres chez toi, tu te dit « J’ai souffert, j’ai pas réussi à placer ça, c’était très dur. » Quand tu arrives à un bon niveau technique, c’est là, en vieillissant un petit peu, que tu arrives à jouer un petit peu plus mélodique. Quand tu es jeune, tu es attiré par la fougue. Et c’est vrai qu’il y a beaucoup de gens, à peine tu leur fais un truc rapide, ils sont vachement contents. Bon, il se trouve que quand j’étais jeune, j’allais très vite. Je n’avais pas de problème de technique et c’est vrai que c’est assez embêtant parce que quand tu as beaucoup de technique, des fois, tu ne sais pas t’arrêter. Tandis que quand tu as beaucoup de technique et que tu sais t’arrêter, là c’est génial, là on peut te serrer la main.

Et ton travail, parce qu’il faut meubler 10 à 15 heures par jour, c’était quoi ? Tu faisais des transcriptions de Django ?

J’ai relevé Django entre 28 et 29-30 ans. Après j’ai arrêté avec Django, j’ai fait une autre musique. Pendant ces deux ans, j’ai relevé Django. J’ai dû faire une centaine de relevés de chorus.

Qu’est-ce que ce travail spécifique de retranscription t’a apporté ?

Ca m’a apporté de l’argent puisque je vendais ça à mes élèves (rires). C’étaient mes élèves qui me demandaient. Alors en une demi-heure je leur repiquais un chorus de Django qu’ils me demandaient. Maintenant, je ne le fais plus. Mais c’est vrai que si ça n’avait été que moi, je ne l’aurais jamais fait.

Où as-tu trouvé la motivation de travailler autant d’heures par jour ? Est-ce que cela a représenté un sacrifice pour toi ?

Alors je peux tu dire une chose ? J’ai une dizaine d’élèves qui travaillent autant que moi, et peut-être plus que moi quand j’étais jeune, et je leur pose la question. Travailler c’est une jouissance. Je vois à travers mes élèves, parce qui m’est arrivé à moi, tu prends ta guitare, et tu découvres, tu es comme un fou de découvrir tous les jours. Tu te répètes, tu te répètes un milliard de fois. Ce que pensent les autres, tu t’en fous parce que tu crois que tu détiens la vérité. J’ai bien dit tu crois, parce que tu ne détiens pas la vérité, en vérité. Et j’ai quelques élèves, je leur demande combien ils font d’heures par jour, et c’est du matin au soir, tu ne peux pas leur enlever, et si tu leur enlèves ça, ils arrêtent de vivre. Si tu m’enlevais la guitare, dans le travail je veux dire, je serais mort. Je n’aimais que ça. Je me réveillais le matin, je prenais la guitare, un café, je recommençais à jouer de la guitare. Après le soir, j’allais jouer, parce que quand j’étais plus jeune, je jouais assez souvent, au moins 5-6 fois par semaine, je jouais tous les soirs. Et n’oublie pas que quand tu joues en public, ça vaut un mois de travail chez toi quand même. C’est-à-dire que quand tu fais un concert, c’est un mois de boulot. C’est ça qui était vachement intéressant. J’ai eu la chance de pouvoir travailler mon instrument et de pouvoir travailler le soir. Donc j’étais vachement heureux.

Depuis quelques années, tu as énormément travaillé le be-bop...

Oui, j’ai travaillé le be-bop. N’oublie pas que je ne suis pas gitan. Donc, quoi qu’il arrive, même quand j’étais jeune, j’ai toujours aimé le be-bop. Moi je ne suis pas manouche, donc le swing manouche n’est pas une musique que j’ai entendu tous les jours. La première musique que j’ai entendue, ce n’est pas Django Reinhardt, c’est Joe Pass, Dizzy Gillespie. Je me rappelle que mon frère me ramenait des disques à la maison. C’est après que j’ai entendu Django. Je ne suis pas gitan donc ça n’a pas été ma philosophie. Je n’ai pas eu la chance d’arriver dans une famille où on écoutait du Django. Mon père il était peintre, donc il s’en foutait, il faisait de la peinture du matin au soir. Ma mère, elle s’en foutait royalement aussi, elle faisait des ménages. Je n’ai jamais écouté de Django, c’est juste à cause, ou grâce, quand j’étais tout jeune et que je devais avoir 12-13 ans - un gamin, je jouais dans une petite boum chez de amis, et c’est eux qui m’ont dit : « Il faudrait que tu écoutes ça. » Moi je ne savais pas ce que c’était. Ils m’ont donné un disque de Django et c’est là où je me suis dit « C’est pas terrible, c’est de la musique de vieillard. » C’est ce que j’ai dit au début. « C’est une musique vieillot. » A l’époque, il y avait des conneries à la télé, Mike Brandt, Sheila, le disco, toutes ces conneries, alors je n’en avais rien à foutre de Django Reinhardt. C’est plutôt à la deuxième écoute, troisième écoute, que tu te dis « Là il y a un problème. » Mais moi, à la première écoute, je n’en avais rien à foutre. Et en plus, ce jazz, c’est quand même bizarre, c’est quand même spécial le Django Reinhardt, ce n’est pas le be-bop.

Qu’est-ce que tu trouves dans le be-bop que tu ne trouves pas dans la musique de Django ?

Pour moi, dans Django, il y a tout. Aux Etats-Unis, ils disent que dans le Django, ce sont des vraies notes. Real notes. En be-bop, tu peux jongler avec les notes. Dans le style de Django, tu as des clichés, tu as des notes, tu es presque obligé de les faire. En be-bop, tu as des notes que tu dois faire, tu as plus d’expressions, tu peux mettre plein de notes, même des notes qui ne sont pas tout à fait dans l’accord si tu en as envie. Tandis que dans le style Django... Pour moi, Django, c’était Mozart. Le mec, il mettait des notes, je ne sais pas comment dire, c’était la mélodie à l’état brut. C’était vraiment le faiseur d’histoires musicales. Tandis qu’en be-bop, à part Wes Montgomery qui a innové, dans un style spécial, il y a plein de guitaristes. Dans le style de Django, il n’y en a qu’un seul : c’est Django. Pour moi, c’était un Mozart, ce n’était pas un homme normal. C’était un homme qui était musique. C’est quelque chose que tu comprends plus tard. Je pense qu’il n’y a pas eu plus loin que lui. En 2008, les mecs ils rejouent des chorus de lui de 1937, et les gens ils sont comme des fous. Regarde un mec comme Biréli Lagrène, quand il joue du Django Reinhardt, les gens ils sont comme des dingues. Cette musique, Stochelo, Romane, tous ces mecs, c’est extraordinaire cette musique de Django. Tandis qu’en be-bop, tu peux te balader. En Django, on te fait un ré mineur, si tu ne joues pas un ré mineur, tu es mort !

Comment as-tu appris le be-bop ? Pour le style de Django, tu as pris des cours avec Matelo Ferré...

Quand tu joues Django Reinhardt, quand tu approfondis vraiment la chose, quand tu étudies Django, tu vas dans les années 51-53 et puis tu te dis : « Voyons voir ce qu’il y a après. » Tu écoutes Wes Montgomery, tu écoutes Charlie Parker, et puis comme tu as déjà bien travaillé le style de Django - regarde, il y a plein de mecs, de plus en plus, qui jouent du Django qui jouent vraiment très bien be-bop - tu peux apprendre d’oreille. J’ai relevé Wes Montgomery, Charlie Parker, et puis j’ai travaillé. Tu vois la forme des ii-V-I et puis après tu commences à inventer. Et quand tu commences à inventer, quand tu inventes une phrase, elle te semble médiocre. Par rapport aux autres, tu as l’impression que c’est de la merde. Et c’est pour ça qu’il faut avoir la foi. Si tu n’as pas la foi en toi, tu ne peux pas travailler un style. Dernièrement, j’essaye de jouer du Django Reinhardt, j’adore jouer du Django, ces temps-ci je ne fais que ça, on s’amuse avec les élèves, on m’appelle pour aller jouer un peu de Django, mais je n’ai plus la foi que j’avais quand j’avais 24-25 ans. C’est assez incroyable cette histoire, c’est un drôle de truc.

Quand tu dis que tu n’as plus la foi, ça veut dire que la page Django est tournée ? Que tu vis plus sur tes souvenirs ?

Pas du tout ! Ca veut dire que tu n’as plus la même rage. C’est ça la foi. C’est-à-dire que tu as envie de faire une phrase de Django mais tu n’as plus envie d’aller loin. Naturellement, tout ça c’est personnel. Il y en a tellement qui jouent bien, si tu savais... Je les écoute à la radio, je deviens fou, je les écoute, c’est monstrueux. Romane, Biréli, Stochelo, le petit Yorgui, il y en a un qui joue très bien, c’est Chris Campion. Tu le connais ?

Oui, c’est un de tes élèves non ?

C’est quelqu’un que j’ai formé oui. On va en entendre parler. Ce genre de mecs, eux, ils ont la foi. Et dans beaucoup de musique, quand tu as la foi, tu peux briser beaucoup de montagnes, et quand tu ne l’as pas, les montagnes, tu n’arrives pas à les briser. Mais ce n’est pas pour ça que tu n’es pas heureux. Si tu n’as pas la foi en ça, tu l’as ailleurs. La foi, c’est hyper important. Croire en ce que l’on fait, c’est 90% de la puissance d’un être humain.

En parlant de tes élèves, tu es certainement le professeur de swing manouche le plus réputé de la région parisienne. Tu as une soixantaine d’élèves. Quelles sont les valeurs que tu essaies de leur transmettre ?

La vérité. Je ne passe pas par 36000 chemins, je leur donne beaucoup de choses. Il faut donner. Si tu ne sais pas donner, il ne faut pas faire professeur. N’oublie pas que quand tu as le pouvoir, tu es un petit peu en haut, et quand tu donnes ton pouvoir, tu te rends compte que si un mec en face de toi arrive à faire ce que tu fais, ça fait drôle. Donc tu n’as plus trop de pouvoir. En fait, c’est là où tu as vraiment le pouvoir. C’est quand tu donnes aux élèves ce que tu sais toi. Quand tu vois l’élève qui arrive à faire quelque chose d’intéressant, là tu l’embrasses, tu lui dis merci. J’adore donner aux élèves, parce que quand ils font des trucs bien, je suis super heureux.

C’est ça qui te motive dans le fait d’enseigner ?

Voilà, j’aime bien qu’ils jouent bien. N’oublie pas que le style de Django appartient aux manouches. C’est à eux. C’est leur vie. Moi, j’essaie d’enseigner le minimum que je connais parce que eux, ils connaissent beaucoup de choses. Ils sont nés là-dedans, moi je ne suis pas né là-dedans. Je ne suis pas manouche. Je ne dirai jamais que je joue comme un gitan. Les gitans ont leur sensibilité à eux. Tu n’y peux rien, c’est comme ça. Mais moi je leur enseigne le minimum que je connais.

C’est quoi ta méthode d’apprentissage ? Est-ce que c’est du domaine de l’oral et du visuel ?

On fait 30-45 minutes de cours, en général 30 minutes, et 30 minutes de boeuf. Et les mecs, au bout du 5e ou 10e cours, ils commencent à avoir l’oreille. Ils commencent à entendre des notes, ils sont obligés de bosser. Ma politique elle est comme ça : une demi-heure où je leur donne ce qu’il faut, et l’autre demi-heure, on s’amuse, on rigole et vraiment on s’éclate. Quand on joue, mes élèves, ils sont comme des fous !

Par rapport aux points spécifiques de la technique et du son, comment est-ce que tu fais travailler la main droite par exemple ?

C’est simple. Il n’y a pas 36 solutions. Quand l’élève a une mauvaise main droite, je lui dis ce qu’il faut faire. Et quand il a une bonne main droite, je ne lui dis rien, juste « Continue comme ça, elle est très bien ta main. » C’est tout.

Et au niveau de la main gauche pour le son et le vibrato ?

La main gauche, ce n’est pas tout à fait le son, c’est plutôt la main droite.

On dit souvent qu’il faut bien appuyer à la main gauche pour avoir le son le plus rond possible. Mais pour les vibratos et les ornementations ?

Disons qu’entre la main droite et la main gauche, il faut avoir ce qu’on appelle une bonne synchronisation. Quand tu arrives à avoir une bonne synchronisation de la main droite et de la main gauche, je pense que tu peux faire quelque chose d’intéressant. Mais les élèves sont tellement speed au début, ils veulent tellement aller vite au début, parce que, c’est normal, c’est le style de Django Reinhardt, ils aiment bien blinder. Avec toutes les nouvelles références, tous les jeunes qui jouent du Django, Jimmy Rosenberg, ça blinde, ça blinde, ça va assez vite quand même. Les élèves, ils aiment bien s’identifier à ces gens-là. Et puis moi je les guide, comme je peux naturellement avec humilité, et surtout de la rigueur, pour qu’ils essaient d’arriver à un bon niveau. Mais c’est surtout une question de synchronisation de la main droite et de la main gauche. C’est vraiment un boulot. Quand ils viennent, je vois tout de suite ce qui ne va pas. Quand ça ne va pas, je le leur dis, quand ça va, je ne leur dis rien. Si c’est bon, ça va.

As-tu des conseils à donner pour faire face aux grands moments de découragement que nous vivons tous un jour ou l’autre dans l’apprentissage de la guitare ? Surtout quand on s’identifie aux grands du style...

Je suis quelqu’un qui ne rigole pas. Quand je vois un élève qui se prend pour une vedette, je lui dis qu’il faut d’abord qu’il bosse, qu’il y a un petit peu de boulot et « après tu pourras devenir une vedette. » Quand ils viennent à la maison, c’est assez incroyable, mais tout est possible. Quand on travaille avec les élèves, au départ ils arrivent en disant que ce n’est pas possible, que c’est un style trop dur qui n’est pas pour eux, et « moi je voudrais m’amuser » et quand ils repartent de chez moi après des cours et des cours, il se disent que c’est possible, qu’on peut jouer bien, qu’on peut y arriver. Même moi, je me suis toujours posé des questions à cause de ça. Quand ils repartent, ils se disent qu’ils peuvent y arriver. J’ai une pédagogie qui est simple mais bonne. L’élève au bout du 10e cours, il pense qu’il peut y arriver et moi je suis le plus heureux du monde parce que c’est mon but. Ca fait vachement plaisir. Bon, en arrivant, ils ne savent pas ce qu’il y a à faire, il y a un gros boulot. Mais bon, je n’ai jamais dit qu’ils allaient devenir comme un Biréli Lagrène ! Mais pour moi, le but du jeu, c’est qu’ils s’amusent, qu’ils prennent une guitare et qu’ils arrivent à jouer des petits arpèges là où ils croyaient qu’ils n’y arriveraient pas.

Du fait que tu as plein d’élèves, est-ce que tu arrives à voir ceux qui ont du potentiel. Qu’est-ce que c’est que le talent pour toi ?

Bien sûr, il y en a beaucoup. Le talent, c’est quand un élève m’impressionne. Quand je sens que l’élève a quelque chose à dire, c’est ça pour moi le talent. J’ai pas mal d’élèves qui ont du talent, j’en ai d’autres, je me dis que le talent viendra un peu plus tard. Mais pour certains, quand je les écoute, je me dis « Waouh ! C’est grave ! » Des fois, ils arrivent à faire tout ce que je leur donne. Incroyable ! Pour moi, le talent c’est celui qui réfléchit, celui qui va jouer différemment des autres, tout en respectant quand même le fait que dans le style de Django, il y a des clichés qui doivent revenir, comme chez Bird, il y a aussi des phrases qui reviennent. Et j’ai des élèves qui ont des trucs à me dire. Ils jouent différemment des autres, et ceux-là je vois vraiment que c’est extraordinaire. Je ne veux pas dire que je m’en occupe plus que les autres parce que quoi qu’il arrive, je m’occupe de tout le monde. Donc quand ils disent des choses qui sont différentes des autres, et qu’il le veulent en plus. Quand je leur demande un truc et qu’ils me disent : « Non Serge, laisse-moi faire ça, qu’est-ce que tu en penses ? » J’écoute, et c’est extraordinaire.

Quand tu parles des manouches qui naissent avec la musique de Django dans les oreilles, et qui commencent la guitare à 4-5 ans, comme Biréli, tu dis qu’à l’âge adulte ils parlent couramment la musique.

A peu près 90%, j’allais dire 100% de ces musiciens, quand ils commencent à 4-5 ans, c’est comme s’ils avaient appris leur langue. C’est comme toi qui parles très bien français, tu es né avec ta langue. Eh bien eux ils naissent avec la langue de la musique. C’est pour ça que pour moi et j’espère pour beaucoup de personnes, les manouches représentent vraiment les leaders de cette musique puisqu’ils sont nés avec. Que d’autres fassent des phrases super, c’est bien. J’ai rencontré beaucoup de manouches, ça a toujours été extraordinaire, une facilité d’expression musicale, une facilité de communication comme personne et puis un apprentissage parce que moi j’apprenais toujours et même maintenant des fois quand je vais les voir, j’apprends toujours même à mon âge, je les écoute. Ils sont chez eux, c’est leur musique, tu ne peux rien faire, c’est comme ça. C’est comme si un américain vient chez toi et te dit qu’il veut parler mieux français que toi. Comment tu veux qu’il parle mieux français que toi puisque tu es né en France ? C’est leur musique, ils sont nés dedans, c’est à eux.

Pour les élèves qui veulent faire de la musique leur métier, qu’est-ce que tu leur conseilles pour gérer le stress d’avant les concerts ? La musique de Django est très exigeante d’un point de vue technique. Avant de jouer sur scène, il faut avoir passé beaucoup de temps sur sa guitare, ce n’est pas comme la musique pop. Donc, quand le stress monte et te bloque un peu les mains, qu’est-ce que tu recommandes ?

Il y en a pas mal qui veulent être professionnels effectivement. Je leur recommande de faire la manche. C’est ma première politique. Jouer dehors et quand ils arrivent en concert, ils n’auront pas le trac. N’oublie pas que quand tu joues dehors, c’est un mois de travail à la maison. Et quand tu fais la manche, tu joues devant des gens et quand tu montes sur scène, c’est pareil, tu as des gens qui te regardent. Et entre nous, un petit verre de whisky, ça ne fait pas de mal (rires). En général, quand tu veux faire ce boulot, tu sais déjà d’avance que tu vas te montrer. Alors quoi qu’il arrive, n’oublie pas que chaque être humain même dans le ventre de sa mère, il a envie d’être le premier. C’est comme ça, tu n’y peux rien, c’est la nature. La nature elle est comme ça. Tu as toujours envie d’être dans le cercle. Tu prends un aigle qui a deux enfants. Le plus fort va tuer le petit pour être le meilleur pour manger plus, c’est comme ça. L’être humain, que ce soit dans le sport, la musique, ou même le boulot, quand il a vraiment envie de réussir...

Mais tu ne crois pas qu’il y a aussi une forme de réussite dans le fait, non pas de se comparer aux autres, mais simplement dans le fait de jouer ce que l’on entend en soi, sans chercher plus loin ?

A partir du moment où tu joues ce que tu entends, déjà tu es vachement balèze. C’est génial. Quand tu joues ce que tu entends, c’est dix ans minimum. A partir de 10 ans minimum, tu peux commencer à jouer ce que tu entends. Boulou Ferré, quand j’étais jeune, vers 23 ans, m’avait demandé depuis combien de temps je jouais du Django. Je lui avais dit « depuis 3 ans » mais ça faisait 10 ans que je jouais de la guitare. Quand tu joues le style de Django, tu rentres dans le jazz. Boulou m’a dit : « Serge, il faut 10 ans » et j’ai été tellement déconcerté parce que je croyais qu’en 3 ans on pouvait réussir. Ou alors, il faut s’appeler Biréli Lagrène. C’est un cas Biréli, c’est pas un mec comme tout le monde, il est extraordinaire cet homme-là, il jongle dans la musique, j’adore. C’est un des guitaristes que je préfère. Quand Boulou m’a dit ça, je me suis dit « Il faut encore 6-7 ans, je ne vais pas pouvoir ! ». Parce que tu crois toujours que ce que tu fais, c’est bien, mais non, il faut attendre. Enfin moi personnellement j’ai attendu. Pour pouvoir dire ce que j’ai envie. Je ne t’ai pas dit que j’étais génial. Ce que je veux dire par là, c’est que dire ce que tu as envie, c’est mieux que tout au monde, c’est vraiment exceptionnel, quand tu arrives à t’amuser avec la gratte... Enfin, pour un mec ultra doué, il faut trois ans, c’est bon. Un mec très doué il est super heureux parce qu’il progresse à une telle vitesse... Il y a un type que j’aime beaucoup, c’est Moreno. Je l’adore. Une fois, je suis arrivé dans un bar, il avait bu un petit peu. Il a fait un chorus sur Nuages, je croyais que c’était Django, je te jure. C’est une des rares fois... D’habitude, Moreno, il aime bien speeder, il aime bien déconner, mais là il était super ce soir-là. On avait passé une soirée magnifique. Il a pris la guitare, il a joué Nuages, j’ai vu Django. Il y a des mecs qui disent qu’il va vite, alors déjà « Faites-le », ensuite quand il veut vraiment Moreno, c’est un mec exceptionnel, on dirait Django Reinhardt ! La vie elle est comme ça.

Comment concilies-tu ta très riche vie musicale et les exigences d’une vie familiale avec ta femme et tes deux enfants ?

C’est pas dur, il faut que mon entourage comprenne c’est tout. Ca peut être dur si l’entourage ne comprend pas. Mon entourage comprend, ma femme, mes enfants ils comprennent. De temps en temps, ils viennent m’embêter « Papa, je voudrais faire ça » alors je leur fais plaisir mais à 90%, je ne leur fais pas plaisir. Je préfère prendre ma guitare et m’amuser un petit peu. Moi je m’amuse, je prends la gratte, je m’éclate. Tous les jours je découvre quelque chose, un rien me fait sourire. Quand j’étais plus jeune, un rien ça ne m’intéressait pas. Maintenant ça me fait rigoler, c’est marrant la musique.

Comment as-tu rencontré ton compagnon de toujours, Richard Chiche ? Qu’est-ce qu’il représente pour toi, musicalement ou pas ?

Richard, c’est mon meilleur ami. C’est quelqu’un que j’ai rencontré quand il avait 16 ans. Moi j’avais tout juste 18-19 ans. Il m’a demandé un jour : « Serge, je voudrais jouer de la guitare. » Alors pour rigoler, je lui ai donné trois accords. Je lui ai fait faire Minor Swing, je ne comprenais pas, je tapais du pied quand il faisait la rythmique, ça swinguait. Alors je lui ai dit : « Je te prends avec moi si t’es d’accord avec moi. » Il m’a dit qu’il était d’accord. Et c’est toujours mon meilleur ami jusqu’à aujourd’hui. On joue toujours ensemble mais on se voit moins qu’avant parce que lui il fait plein de choses. Mais c’est quelqu’un, quand il faisait un rythmique de Django, je bougeais. Extraordinaire cet homme-là. La semaine prochaine, j’ai une soirée, je vais la faire avec lui. C’est quelqu’un quand il prend la guitare, même s’il n’a pas travaillé, tu vas bouger, tu n’y peux rien.

Par contre, je travaille avec une femme, qui est ma copine et qui s’appelle Caroline Senoble. Tu l’as peut-être vue aux Tuileries. Elle est extraordinaire, elle te sort les chorus de Django, les Nuages, les Minor Swing, incroyable ! Et en solo, elle est extraordinaire. Mais vraiment ! C’est simple, chaque fois que je joue avec elle, je suis épaté. Une femme qui joue comme un homme. On a déjà enregistré ensemble, même une musique de film. Quand j’ai un concert quelque part, j’essaie toujours de le faire avec elle, parce que je m’entends avec elle comme personne et puis, elle joue super bien. Avant que tu me téléphones, on a tapé un boeuf de trois heures. Elle m’épate, ça je veux que tu le marques, elle m’épate (rires) !

Sinon, j’adore tous les guitaristes. Il y a cette fameuse phrase : « On fait ce qu’on peut ». Si tu as mal joué ce soir, on va pas se tuer pour ça, demain tu joueras mieux. Arrêtons de critiquer, vraiment on fait ce qu’on peut. La guitare, c’est compliqué. Je serre la main à tous les guitaristes de la planète. On fait ce qu’on peut. C’est ma politique à moi. C’est vraiment ce que je pense. Les gens doués, les gens non doués, on leur serre la main. Par contre, celui qui se prend pour une vedette de Hollywood, celui-là il n’a qu'à aller se boire une soupe de fèves !

Il apprendra plus tard parce que quand on a cette attitude-là, on se prend des claques tôt ou tard et on apprend l’humilité...

Dans le style de Django, il n’y en a pas beaucoup des comme ça. C’est très rare, franchement il n’y a que des bons. Je sui vraiment fier d’avoir fait et de faire ce style de Django. C’est un style qui est vraiment extraordinaire.

Tu as joué avec la plupart des grands musiciens. Y a-t-il des points communs entre eux par rapport à leur façon d’aborder la musique ?

Oui. Il y a un point commun. Tu prends de Biréli Lagrène à Benson, en passant par Pat Martino, Frank Gambale, ils sont tous modestes. Ce sont des leçons de modestie. Si tu as l’occasion de les rencontrer, tu verras, tu prendras une leçon de modestie, une claque dans la gueule. Ce sont des gens, ça te fait peur tellement ils sont modestes. Tu vois leur niveau, ils touchent le ciel, et tu vois la manière de parler, tu te demandes si le ciel n’est pas dans la maison tellement ils sont modestes. Frank Gambale, je l’ai rencontré une fois, une modestie ! Je ne savais même plus quoi dire tellement il était modeste. C’est ça un grand. Comme il a beaucoup de choses à dire, il essaie de te transmettre ça à sa manière et la seule manière qu’il a pour le transmettre, c’est la modestie.

Y a-t-il des musiciens avec qui tu as joué qui t’ont marqué plus que d’autres ?

Il y en a un qui m’a marqué, c’est Biréli Lagrène. Le mec, la classe ! Celui qui m’a marqué le plus de tous, c’est George Benson. Alors, j’ai joué avec lui, quand il jouait, je croyais que j’étais en 1960. Et quand je jouais avec Biréli, je me croyais en 1937 (rires). Mais n’oublie pas que j’ai appris avec eux, avec Biréli, avec Rafael Fays, qui est un très très grand musicien. D’une modestie incroyable. Et moi, mon instruction c’est de jouer avec eux, et surtout de les écouter. C’est comme ça que tu progresses, en les écoutant.

En quoi Django était-il - et est encore - unique ?

Ecoute juste n’importe quel morceau de Django, il n’y a aucune personne dans le monde qui a donné cette telle ampleur à la mélodie. C’est quelqu’un qui peut te faire pleurer, Django. Pour moi, celui qui s’est rapproché le plus de Django, c’est Biréli Lagrène. Pour moi et je pense pour beaucoup de personnes. Mais quand tu me parles de Django, c’est incroyable. Je ne sais pas quoi dire. Django Reinhardt, c’est la musique ! Tu n’as qu’à écouter et à te laisser influencer. S’il n’y avait pas eu Django, ce serait dur pour nous. J’ai pas de mots. Tu veux prendre des leçons, tu écoutes Django Reinhardt, tu écoutes le maître.
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Re: discographie de Serge Krief

Messagepar all of moi » 15 Mars 2012 12:03

Merci ça faisait longtemps que j'avais lu ça et c'est toujours aussi bon.
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Re: discographie de Serge Krief

Messagepar joel » 15 Mars 2012 12:22

all of moi a écrit:Merci ça faisait longtemps que j'avais lu ça et c'est toujours aussi bon.

Tout pareil qu'All of moi cette interview est superbe je trouve, autant les questions de Yann que les réponses de Serge. Ca change quand même pas mal des interviews superficielles qu'on trouve en général dans les magazines.
Merci ! :aclame:
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Re: discographie de Serge Krief

Messagepar yves » 15 Mars 2012 13:45

Pareil des années que je prends des cours avec lui et je prends un pied monstre, technique, pédagogie, y a rien à dire. Tout le temps que tu passes avec Serge, c'est du bonus.

Pour les albums, c'est vrai qu'il n'y en a pas bcp et je ne suis pas sûr qu'ils reflètent le top de ce qu'il fait. Par exemple sur hard swing, je le trouve plus consensuel que ce qu'il fait habituellement, c'est 100% style Django alors que du Krief, c'est plus métissé que ca. Il le fait super bien évidemment mais on n'entend moins les longues phrases avec les résolutions qui déchire, le note à note bien profond et le gros gros swing (groove) à tendance be-bop.
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Re: discographie de Serge Krief

Messagepar yves » 15 Mars 2012 13:46

A noter que parfois il chante sur ces solos (genre un peu à la Benson, les mêmes notes chantées et jouées), je l'ai déja entendu en direct mais si qq'un à des enregistrement, je suis preneur!
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Re: discographie de Serge Krief

Messagepar mamelouk » 15 Mars 2012 13:59

Ça j'ai déjà vu dégratteux faire ça , c'est prodigieux je trouve, ça veux dire je pense, qu'il joue exactement ce qu'il ont sur le cœur ou du moins ce qu'il ont dans la tête, instantanément , et ça c'est ce que j'essaye d'atteindre je vous le dis, ! :aclame:
Juste une petite expérience un peu ridicule que j'ai eu en bœuf, le gratteux on entendais plus sa voix que ça guitare et la ça fait très con j'vous assure, il aurait juste fallu qu'il monte un peu le son de sa belle archtop, mais bon c'était vraiment un bœuf a l'arrache sur le pouce, ? t'inkiet Xav tu sais ce que je pense de ta musisique :applause: :applause: :applause: :applause: :wink:
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Re: discographie de Serge Krief

Messagepar mamelouk » 15 Mars 2012 14:39

Putain je viens de lir el'interview , ! :D :D :D
Je découvre enfin ce personnage mystérieux qu'il l'est ,bah il l'est moins pour moi maintenant , et je pense sincèrement que c'est un gars en or celui là !!! :applause: :applause: :applause: 8)
Merci pour cette interview vraiment très bien menée et merci Serge pour la générosité de tes réponses ,t'es excellent !!!
Si j'ai le malheur de venir vivre eà Paris , bah mon bonheur se sera d'aller prendre des cours avec ce grands monsieurs!!! :mrgreen: :lol:
Mais déjà là , v'la le cours que je viens de prendre !!! Merci et encore Merci et moi aussi je te serrerai bien là mais Serge !

Merci infiniment Mitch d'avoir publié ça pour moi tu m'as comblé !!! :D :D :D :D :D :D :D


Peace !!! et longue vie à Serge Krief , et à tout le monde d'ailleurs ! :lol: :D :D :D :D
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