Alors sinon, je profite d'avoir quelques minutes devant moi pour faire un petit point récapitulatif de ce que j'ai appris depuis que j'ai commencé de zéro dans le style, il y a exactement 4 ans.
La première chose, c'est que le travail paye. Je me considère comme un laborieux, certainement pas comme quelqu'un de doué. J'ai bossé de façon irrégulière mais je n'ai pas lâché l'affaire et il y a eu beaucoup de changements en 4 ans. J'ai encore plein de choses à bosser mais je commence à me sentir relativement à l'aise pour jouer maintenant.
La deuxième chose, c'est qu'il est important d'être patient. La technique est une question de gymnastique physique et mentale. Il faut prendre le temps de contruire les muscles, les nerfs, et le cerveau. L'apprentissage de la technique dépend essentiellement de ces points-là. Et nous sommes complètement inégaux les uns par rapport aux autres. Vouloir aller trop vite, c'est risquer de se blesser ou risquer d'apprendre à jouer salement. Le travail doit être fait à un tempo qui permet de jouer proprement: TOUJOURS! Jouer plus vite ne sert à rien, sauf à identifier les points techniques bloquants. Avec l'échauffement, on joue plus vite qu'en début de séance mais ça ne sert à rien de jouer au dessus de ce que nos muscles, nerfs et cerveau permettent.
J'ai remarqué qu'il faut s'affranchir de nombreuses barrières mentales pour avancer. Ne pas se dire qu'on n'y arrivera jamais (moi au début, découragé). L'ego aussi est très mauvais conseiller. C'est lui qui nous pousse à nous comparer aux plus jeunes doués, à vouloir aller plus vite que ce que l'on peut faire. Il faut accepter ses propres limites à l'instant t, je crois que c'est important parce que ça permet de travailler dans la sérénité par la suite. C'est l'ego qui nous pousse à vouloir travailler la technique pour impressionner les autres, pour se comparer aux autres. Avec le temps, on s'aperçoit que la musique ne se compare pas. Le plus tôt on comprend ça, le plus tôt on fait de la musique, le plus tôt on joue ce que l'on est. Par contre, je suis toujours étonné de voir à quel point on peut dépasser ses propres limites. Avec le temps et un travail correct, on peut toujours améliorer quelque chose et au final, c'est le jeu complet qui s'en ressent..
Je pense qu'il ne faut pas envisager la technique comme une fin en soi sinon on s'éloigne de la musique, mais je suis persuadé que le travail de la technique est un mal nécessaire. Je remarque seulement depuis peu de temps que je gagne doucement en musicalité depuis que je ne réfléchis quasiment plus à ma main droite. Je peux me concentrer sur mes arpèges, sur la façon d'en sortir... Je pense que c'est l'une des clés de la musicalité. Ca s'améliore à partir du moment où la technique n'est plus un problème.
Il est important de travailler le son dès le départ. Une attaque franche de la main droite à bonne distance du chevalet et de la rosace, avec la main gauche qui appuie bien les notes et les fait vivre (vibrato, expression...), tout ça bien synchronisé, ça fait partie des choses à maîtriser. Je n'en suis pas là mais déjà j'en ai pris conscience, c'est toujours un pas de fait.
Pour ma part, je trouve que l'impulsion qui permet de jouer le plus proprement c'est celle qui vient de la rotation de l'avant-bras, le coude ne doit pas être sollicité. Cette façon de faire est celle de Stochelo qui est l'un des musiciens dont la propreté de jeu m'époustoufle le plus. Enfin, je suppose que chacun trouve la meilleure façon pour lui-même.
Un dernier point: plus on apprend, plus c'est facile d'apprendre de nouvelles choses. C'est le début qui est le plus difficile.
Il ne faut pas s'en cacher, jouer bien dans le style de Django demande pas mal de ressources physiques (au niveau muscles notamment), et beaucoup de ressources mentales (de la gnaque, ce que Serge Krief appelle la foi). Mais il ne faut jamais oublier que la technique doit toujours être au service de la musique et pas de l'ego. Ce dernier point, c'est vraiment ce qui différencie le guitariste du musicien à mon avis.
Evidemment, beaucoup de choses que je viens d'écrire sont soumises à débat. Je parle juste sur la base de mon expérience personnelle. Mais bon, en gros, voilà ce que j'ai appris en 4 ans.
