Au loin, de lourds nuages gris foncé s’accumoncelaient …… et soudain, l’air fraîchit.
L’air préoccupé, Alex se dirigea vers le groupe en train de palabrer.
- J’crois bien qu’le Grand Esprit s’impatiente …...
…. va falloir accélérer l’mouvement....
Oui ? Véro-nimo, une question ?, une remarque ?
La jeune indienne interpelée par Alex se déplaça légèrement pour faire face à tous et tendit un bras en direction du ciel qui s’obscurcissait à vue d’œil.
- Levez les yeux et voyez : le soleil a fini de réchauffer les nuages en voyage, parmi les aigles sauvages qui ont pu observer que derrière les feuilles des arbres de la forêt, et bien au-delà du fleuve, se reflètent des couleurs indicibles ; l’orage tonne dans le lointain mais ce n’est que le cœur de la musique qui bat et ..
-
..Oui, oui, on comprend Véro, merci …… bon, allez, tout l’monde en place pour le pow-wow, ça va pas durer jusqu’à Samois c’t’affaire, merde !
Alors, sans plus tarder, les grands tambours commencèrent à faire résonner l’espace de leur pulsation obsédante. Et les chants et les danses montèrent, d’abord doucement, comme des berceuses, puis prirent progressivement leur envol dans l’air chargé d’électricité.
Tous les hommes, et les femmes suivies des enfants, entamèrent un large mouvement en forme de gigantesque spirale dont le centre était le grand feu au milieu du campement, ou plus précisément une sorte de chaise sculptée avec un appuie-dos en osier où trônait le Pfeuh, toujours aussi immobile et impassible, n’exprimant rien de rien, le regard fixe et les bras posés sur les accoudoirs comme une sorte de sphinx hiératique.
- Yann-qui-décalque-les-bisons-d’une-main, faut qu’je prenne des forces, va me chercher un peu de pemmican, …… dans mon parflèche ……. oui, mon tipi ………………….. mais ? …… Nan ! !
- Ben, quoi ?
- Pas là ! …….. , là, c’est Montypy ! …….. j’ai dit : MON tipi !
-
?
- Ben oui, …… Montypy, quoi …… c’est son tipi !
-
? ? …..
-
Bon, explique-lui, toi Montypy, que c’est ton tipi !
-
-
putin, à chaque fois on est emmerdés ! écoute Montypy, merde aussi ! , chais pas, fais-toi faire un mobil-home , ok ?
Big Mama, comme une sorte d’énorme caniche sous sa grande fourrure de bison, s’était installée auprès du Pfeuh sur un tabouret, avec à ses pieds un grand pack de Duvel qu’elle se mit en devoir d’entamer immédiatement et méthodiquement, en éclusant lentement, mais à longues goulées, une première boutanche de la célèbre marque, ne s’arrêtant par moment que pour un exhaler un long rot dont la sonorité faisait comme un écho au tonnerre qui commençait à gronder à l’entrée de la vallée.
- Yann, t’as vu ma poulette ? … l’esprit du bison se meut en elle …..
- Oui, Meeeuuuuh, Meeeuuuh !
-
Willaugh ! ta gueule ! ! !
Un premier éclair zébra le ciel plombé au dessus du campement.
Près de la marmite, Stan-bouffeur-de-chattes-sauvages et Renée-née-dans-la-brume-du-matin s’affairaient à distribuer aux premiers arrivants de la grande spirale humaine, des rations de cassoulet dans des assiettes en bois. Big Mama se saisit d’une assiette supplémentaire qu’elle déposa délicatement sur les genoux de Pfeuh, tout en glissant dans sa main droite fermée le manche d’une cuiller en corne.
En plus des chants qui assourdissaient à présent tous les tympans de leurs vibrations parfois graves ou au contraire suraigües, s’ajoutait le son hypnotiques des crécelles, faites de sabots, de calebasses ou de carapaces de tortues, et agitées avec une frénésie sans relâche pendant que les chanteurs, maintenant installés autours des grands tambours mélopaient obstinément, alors que d’autres encore stridençaient avec leurs sifflets en os d’aigle.
Ca, plus le bruit de la foudre déchirant l’espace de plus en plus fort et l’épaisse fumée des pipes qui s’étaient mises à tourner …. Ben, faut reconnaître que ça foutait une sacrée ambiance … ça valait l’coup d’être là, croyez-moi !
L’air complètement allumé et les yeux mi-clos, le grand chef Alex avait commencé de tournoyer comme un démon autour du feu en agitant son bâton sacré et en prononçant d’une façon gutturale des paroles probablement magiques que peu des spectateurs présents étaient à même de comprendre....
Mais comme vous êtes cool, j’vais vous traduire approximativement le truc :
- Grand Esprit, tu sais pourquoi on est là, et j’aimerais bien pas à avoir à faire le con trop longtemps comme ça, et qu’tu nous envoies un p’tit signe de la main avant qu’on soit tous saucés par la pluie qui va pas tarder à arriver ! allez, un geste , merde !
Et comme un fait exprès incroyable, fabuleux même on peut dire, et ben ……….juste à c’moment là ……….. woawh ……….
…. putin ……..mais ça fait rien, je dois le faire 
