Ce soir avait lieu le concert pour l'inauguration de la sortie de l'album d'Adrien Moignard, jeune prodige de la guitare manouche, album intitulé "All the Way".
J'ai bien-sûr été invité en tant que critique de jazz reconnu et travaille donc à mon papier pour donner mon "Ô combien" important verdict:
C'était de la Balle, comme dirait-on dans le milieu de mes accolytes critiques.
Sur le choix des morceaux, chacun s'est peut-être déjà fait une idée en écoutant l'album après achat ou grâce à une âme charitable qui l'a gravé (ce qui n'est absolument pas recommandé, surtout si on aime l'artiste en question, enfin, ça se discute...).
Un savant mélange bien choisi de thèmes qui ne sont pas du tout dans la suite de ce que l'on attendrait de la jeune garde manouche (si on ne leur fait pas confiance), une mise en avant des influences propres à notre génération, et ça fait du bien: Chick Corea, Louis Winsberg, les Brecker Brothers, voilà une audacieuse playlist qui fait plaisir à entendre (et que l'on attend d'eux si on leur fait confiance), avec bien-sûr sur le CD, mais pas pour ce soir, un choix de thèmes pour rendre hommage aux jazz et swing d'Antan.
Oui car ce soir, c'était un concert de musique, et non de guitare, les arrangements excellents font plaisir à entendre et on apprécie le travail proposé, équivalences rythmiques, nuances bien senties, et surtout, le travail des harmonies très intéressant.
Mais ne nous trompons pas, il s'agit bien de Jazz, avec de l'improvisation et des moments uniques. Il n'y avait pas un 1 mais 4 solistes ce soir, et c'est ce que j'apprécie dans la formule, non sus-citée pour une bonne raison, je tenais à parler d'eux chacun à leur tour:
Le contrebassiste, Jérome Regard:
Une véritable présence, le feeling, le travail du son, un artiste qui accompagne avec lucidité et sait surprendre au bon moment, avec des solis à la fois simples, groovy, mais qui laissent pointer une technique de maître. L'homme de la situation pour cette formation, pour sûr.
Le percussioniste, Xavier Sanchez:
Le son, le son, le son, c'est qu'il doit connaître son métier le bougre, avec un groove du tonnerre, les bras qui dansent sur son Cajon, ça danse, ça danse, ça danse, et des solis comme on les aime avec nos amis percussionnistes, pas d'esbrouffre, de l'énergie, du ressenti.
Plus qu'un guitariste , Benoît Convert:
Je dis ça parce que, pour les observer (juste un peu) en concert, il est certain qu'on ne se rend pas compte du travail fourni. L'accompagnement sur la Valse d'Augustine est époustoufflant techniquement, l'introduction en solo était excellente (sur un autre morceau), travaillée dans le bon sens, joli travail sur les harmonies et les accords, et les chorus, un phrasé unique, des "patterns" de folie, vraiment avant-gardiste, un guitariste de son temps qui, on le voit, écoute et joue plein de styles.
The Last but not Least, le Leader de ce groupe qui par la même occasion lance une prometteuse carrière de soliste, le guitariste Adrien Moignard:
La puissance, la puissance, la puissance. On le sait déjà, Adrien a un jeu "affirmatif", dans la veine de certains guitaristes manouches , certainement Bireli, bien-sûr, mais aussi, une force que l'on entendrait chez les bluesmen, ou encore certains saxophonistes, ou encore... Django.
Je ne me trompe pas, je ne compare pas et tant mieux. D'ailleurs, il n'y a pas de comparaison à faire, le jeune loup qui ne laisse entrevoir aucune faiblesse prend son envol, et c'est certainement dans sa musique qu'Adrien trouvera son Aura, ses choix de morceaux, ses phrases, sa maitrise du son, c'est fait. Il est là et on le voit, on l'entend, on l'écoute.
Il fait entrevoir à travers ce premier album un chemin qu'il a pris et on le suit, pour découvrir la suite justement. Suite que l'on a du mal à imaginer, et c'est ce qui est bon!!!
Bref, je termine par une conclusion comme dans les magazines:
On aime: l'audace du choix des morceaux, les arrangements, les musiciens, les ambiances proposées.
On aime pas: bah, si je devais faire ma pute, ce serait le fait qu'au Duc, le set est un peu court...Espérons que le 2ème ait été de folie, puisque le dernier, et donc pas le premier aussi, donc sans obligation horaire avec plus de liberté après ce premier mais déjà excellent set...
Bon maintenant j'ai deux choses à dire:
1, que je ne suis pas payé pour ça

2, il se reconnaitra: écoute mes thèmes, et surtout, l'été est arrivé, je suis enfin libre de sessionner !!!