A mon avis ce n'est pas la même approche musicale et en ce qui me concerne, question de goût certes, je suis sensible à la musique de Piton, Samson et celle de Cocco (malheureusement non documentée), j'y trouve une grande poésie et puis il faut tenir compte du contexte les uns ont joué avec Django et les autres non et cela fait une différence importante mais peut-être pas celle que l'on croit.
Les guitaristes qui, étant ses contemporains, ont d'une façon ou d'une autre été confrontés à Django ont dus être sacrément traumatisés. Je suis sûr que c'est le cas de Baro (un très bon guitariste c'est sûr !) par exemple. Une fuite en avant perpétuelle Django n'est jamais là où l'on veut musicalement le rencontrer, des idées de martien, une recherche musicale constante et opiniâtre. C'est pourquoi quand on veut comparer un guitariste à Django il faut aller chercher des enregistrements faits plusieurs décennies après celles de Django. Sur un site que j'ai vu un blogger essayait de comparer Django et le fameux Oscar Alleman sur Daphné il va donc chercher un enregistrement datant de 1952... Il n'y a même pas photo à cette époque là, Django en 1937 joue plus moderne et avec plus de swing qu'Alleman 15 ans après et pourtant il a eu le temps de les faire tourner ses arpèges... surtout il ne joue pas la même musique, il a une patte mais pas de référence pour orienter sa créativité... De plus le blogger ne se rend pas compte de ce qu'est devenu le Jazz en 1952 et Oscar Alleman non plus. Je pense qu'avec les Ferret c'est un peu la même chose ce qui n'enlève rien à leur charme, etc...
http://www.oscar-aleman.blogspot.nl/2013/11/reinhardt-vs-aleman.htmlExemple du traumatisme d'Alleman : "”I knew Django Reinhardt well. He used to say jazz was gipsy – we often argued over that. I agree with many Americans I met in France who said he played very well but with too many gipsy tricks. He had very good technique for both hands, or rather one hand and a pick, because he always played with a pick. Not me, I play with my fingers. There are things you can’t do with a pick – you can’t strike the treble with two fingers and play something else on the bass string. – But I admired him and he was my friend. He was my greatest friend in France. We played together many times, just for ourselves. I used to go to his wagon, where he lived. I’ve slept and eaten there – and also played! He had three or four guitars. Django never asked anyone to go to his wagon, but he made an exception with me. I appreciated him, and I believe the feeling was mutual”. (OA in an interview, quoted from article by Tómas Mooney: Oscar Alemán: Swing Guitarist, Jazz Journal International, Vol. 35, No. 4 + 5 (1982))
ninin94, histoire de causer, à mon avis les guitaristes de la Chope ont une spécificité : ils ont créé un point de rendez-vous une sorte de laboratoire musical où ils ont essayé de faire leur musique sans rien demander à personne et avec le plus grand respect pour tous en jouant au chapeau qu'on leur tirait d'ailleurs volontiers. Les Garcia, Spatzo Adel, Montagne, Tchavolo tous ces musiciens ont humblement vécu leur musique et ils l'ont partagé avec tous ceux qui sont venus les écouter, comme moi, pendant des années. Et dans ce troquet pourri sans aucun attrait ils ont créé une ambiance très particulière avec une approche qui sentait la bière, les roses et la sincérité.
L'histoire des Ferret est bien différente, ils ont surtout joué dans les cabarets russes, Delaunay dans les années '60 a relancé Baro sur les valses en l'enregistrant avec bonheur plus qu'avec succès, bref ils ont fait d'autres choix. J'y suis moins sensible à leur musique tout simplement parce que ce n'est pas du Jazz ce qu'ils jouent, quand Boulou (un cas à part) parle de valse bebop en parlant de Baro je respecte son point de vue mais je trouve que le trait est indubitablement forcé. Le plus Jazz des Ferret c'est Maurice mais comme il le disait lui-même on ne le payait que pour faire de la variété... Dans ses derniers jours il était fasciné par des morceaux comme Jordu, il en parlait tout le temps, un temps qui lui filait entre les mains...