JeePee_48 a écrit:Je pense que ce genre de raisonnement n'a qu'un intérêt intellectuel: une gymnastique de l'esprit qui jongle avec les relations modales. C'est amusant... On aime bien ce genre de jeu.
Mais, je pense qu'il faut considérer ces gammes bebop,à la limite, comme une solution de facilité: sur un accord de Eb, je joue la gamme bebop de Eb, sur un B7 une gamme bebop dominante de B... On va rarement chercher plus loin, et je continue à croire que ces gammes ont un (relativement) faible intérêt car elles manquent d'ambiguïté: la huitième note est introduite pour des raisons de métrique. C'est leur intérêt "mélodique". Mais c'est, à mon avis, un peu limité et très américain... D'autant plus que j'ai, de plus en plus, du mal à imaginer les guitaristes manouches occupes à travailler les gammes comme les autres musiciens de jazz. Je les vois beaucoup mieux attachés à chercher des relations d'une série de notes autour d'un doigté d'accords, en se fichant éperdument du nom que ca porte et, encore plus, d'une théorisation quelconque, et d'aboutir à un résultat que les théoriciens nommeront, développeront et tenteront de conceptualiser dans une approche totalement étrangère au mode réel de création.
Pour illustrer mon propos, dire que, sur un D7, on improvise sur une gamme de Gmin harmo, c'est, sans aucun doute, parfaitement vrai sur un plan théorique, mais ça ne veut, sans doute, rien dire pour un guitariste manouche pour qui, sur cet accord de D7 ( Dieu sait comment il le nomme ), ça sonne bien si on démarre la phrase improvisée une frette au dessus d'une des notes de l'accord et qu'on joue les notes de l'accord précedees (presque chaque fois) de la note une case plus haut... Ce qui, d'un point de vue conceptuel est fondamentalement différent.
jack13 a écrit:sans me laisse perplexe tous ces guitaristes qui jouent sans rien connaitre
JeePee_48 a écrit:Mais nous sommes à l'interface de deux formes de culture très differentes. D'une part, la nôtre qui, par sa maîtrise de l'écriture et de la lecture à tendance à conceptualiser et à systématiser tout selon une démarche basée sur la symbolique (des lettres qui forment des mots écrivant une idée qui peut être lue, décodée et comprise par la plupart). D'autre part, la culture manouche basée sur la tradition orale, une démarche basee sur le concret (ce qui se voit et ce qui s'entend) faisant appel à une mémoire visuelle et auditive hyper développée
Koké Moun a écrit:Ca me fait plaisir d'entendre un tel discours de la part de JeePee qui est une de mes références en théorie musicale.
J'adhère complètement.
D'autant plus qu'à mon avis, HISTORIQUEMENT:
Il va de soit qu'en termes de chronologie, il est évident que le son, les phrases musicales jouées ont toujours précédé leurs explication théoriques.
Comment pourrait il en etre autrement?
Est ce qu'un jour, dans un laboratoire, un savant en blouse blanche a inventé la gamme mineure harmonique et d'autres ont ensuite fait des phrases avec?
Ca m'étonnerait.
La théorie est forcément née de l'écoute des musiciens.
(Dont certains géniaux évidemment)
Koké Moun a écrit:Et celui qui l'a inventée la gamme enigmatique, il l'a fait comment?
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