Film sur Django

[criminel]

Y-a-t-il jamais eu de projet pour tourner la biographie de Django?
J'estime que c'est LE grand film que le cinèma français se doit sur un de ses plus grands icones musicales.

[Groucho]

Bien d'accord avec toi mais personne ne semble oser.

Pour l'instant il n'y a que le film de Paul Paviot qui est très bien fait et qu'on peut voir en très bonne qualité ici :


Lien vers la vidéo

C'est la référence en la matière !

[stretch]

Le cinéma français (ou d'ailleur) s'oriente à la demande du marché... et la vie de Django n'est pas du tout dans le focus de la majorité des gens... on attendera un tel projèt encore longtemps et pour rien.
stretch

[levraiKant]

Tres instructif, merci.
Quelqu'un aurait le nom du morceau a 4min ?

[Paps]

Rythme futur

[Groucho]

C'est Rythme Futur ! Oups je n'avais pas vu la réponse de Paps...

Ce qu'il y a de bien dans le film c'est que c'est tourné sur certains lieux que Django a fréquenté comme le Club Saint-Germain, L'Hôtel Crystal, l'Avenue Frochot, etc... avec les musiciens de l'époque. Je trouve aussi très marrante la scène des retrouvailles avec Grappelli avec le playback sur la Marseillaise où Stéphane fait bien attention de jouer les bonnes notes.

Incroyable aussi la partie du film où l'on voit la banlieue à la sortie de Paris (1957) quand ils filment du côté d'Orly en direction de Samois, et la route de Bois-Le-Roi à Samois, c'est si différent de ce que c'est maintenant que ça semble un rêve !

Le commentaire de Chris Marker me plait bien, la voix de Montand un peu moins mais ils étaient bien amis à l'époque, c'est normal qu'ils aient travaillé ensemble. Dit au passage de Chris Marker il faut voir la "Solitude du chanteur de fond" de 1974 qui est remarquable.

[criminel]

Le cinéma français (ou d'ailleur) s'oriente à la demande du marché... et la vie de Django n'est pas du tout dans le focus de la majorité des gens... on attendera un tel projèt encore longtemps et pour rien.
stretch

D'accord. Mais pourtant en 2003 c'est la sortie de "Swing" avec Tchavolo ce qui a déclenché en grand partie le renouveau d'enthousiasme pour le genre.

[danl]

Non, je ne crois pas car la démarche de Gatlif est plutôt de faire des trucs sur la vie contemporaine des Gens du Voyage, même si effectivement, en sortant Swing, il avait voulu surfer sur la vogue de renouveau du Jazz Mânouche!
Effectivement, Paul Paviot a plutôt traité son film comme un docu; Quelques années apres la mort de Django, il a voulu faire connaître le cheminement de ce grand musicien, et surtout décrire un peu l'atmosphére d'une époque qui a vu arriver le Jazz ricain dans Paris, atmosphére qui a convenu complétement à Django pour y asseoir son désir de créer sa musique à lui en mixant le Swing avec la variété de l'époque, aidé à cela de certains chanteurs populaires comme Jean Sablon par ex.
Un petit film qui retrace bien cette époque est un doc. passé sur Arté il y a longtps. qui s'appelle "Harlem In Montmartre"...

[Groucho]

Salut Daniel !

Tiens une petite critique enthousiaste et intéressante de Gilles Mouëllic sur le film de Paviot :

http://books.openedition.org/pur/1604?lang=fr

[danl]

Mezrci Groucho, je viens de lire en diagonale, j'y reviendrais car c'est super interressant...effectivement, j' y vois bien la description de cette époque ou déjà cogitaient pleins de choses sur le plan culturel qui s'épanouirront dés le début des années 60...

[Groucho]

Oui c'est très intéressant !

Sur Gatlif il y a beaucoup à dire mais en sa défense il faut citer d'abord citer "Latcho Drom" sorti quelques années avant qui est un film entièrement fondé sur la musique (aucun dialogue) qui reprend le parcours des Manouches des Indes jusqu'aux Etats Unis et qui n'est le reflet d'aucune mode.

"Swing" peut être vu comme un prisme qui d'une part nous permet de mieux appréhender la complexité des origines mêmes de Gatlif qui, né d'un père Kabyle et d'une mère Gitane, crée une musique judeo-arabo-manouche qui n'existe nulle part mais qui en lui a un sens profond. D'autre part le texte de certaines chansons touche l'ésotérisme.

Gatlif est très habile car il nous est si facile par notre culture de nous identifier à Max ce jeune garçon qui progressivement tombe amoureux d'une musique et d'une jeune fille puis de nous retrouver progressivement plongés dans un monde onirique où les secrets de l'ésotérisme chrétien se mélangent finement au soufisme islamique et à la Kabbale judaïque. C'est à n'en pas douter un film beaucoup plus profond qu'il n'y parait au premier abord et qui mérite plusieurs niveaux de lecture.

C'est le récit d'une initiation dont les niveaux sont si nombreux et si infiniment complexes qu'elle reprend l'essence même de l'être humain combattu entre sa nature instinctive et son interrogation permanente sur la nature même de son être et de son devenir, sa naissance, sa culture, sa vie et sa mort y sont tracés.

De cet antagonisme existentiel naît une nostalgie que seule la musique peut illustrer.

[romanoborderkiller]

Groucho tu pourrais être prof de philo!
Après je dirais que, bien que j'adore ce film, c'est quand même un peu du Walt Disney: en vérité ça n'arrive pas trop souvent ce genre de chose, surtout en France pays du communautarisme, et les réactions qu'un gadjo risque rencontrer dans le quartier du Neuhof sont bien différentes représentées dans le film (à part "casse-toi bouffon" qui est dit au début ...)

[danl]

Avez vous vu son dernier "Geronimo"? J'ai bien aimé, car il est dans la continuité de ses films sur l'histoire des Gens du Voyage; il traduit dans son dernier film cette mixité qui existe dans les banlieues du sud, en y intégrant la part de tradition, de religion.(histoire de cœur entre un turc et un gitan....) Cette cohabitation qui fait que l'homme ne devient fort qu'avec ce mélange des cultures, des origines etc...et par ce film il met un coup de pied dans la fourmilière alors que beaucoup à l'inverse prône le repli sur sois....Ce mélange des races, Tony Gatlif y tient bcp. et effectivement, dans Swing il y avait là aussi des mélanges forts.

[stretch]

Pour commenter sur la renaissance de la musique manouche et le rôle de Gatliff... faut oublier que l'album "Gypsy Project" de Biréli est sorti en 2001, avec d'autres albums aussi... dans mon opinion, ça a plutôt pavé le chemin de Gatliff! Bon, vraiment... c'est kiff kiff, m'en foue...
stretch

[Groucho]

Non malheureusement je n'ai pas pu le voir encore ce "Geronimo" mais ce n'est que partie remise ...

Bien d'accord avec toi Romano, malheureusement Gatlif invente un monde qui n'existe pas !

Stretch le contexte Birélien est favorable à Gatlif en 2002 bien sûr mais ce que je voulais dire c'est seulement que Latcho Drom c'est 1993.

[criminel]

Pour commenter sur la renaissance de la musique manouche et le rôle de Gatliff... faut oublier que l'album "Gypsy Project" de Biréli est sorti en 2001, avec d'autres albums aussi... dans mon opinion, ça a plutôt pavé le chemin de Gatliff! Bon, vraiment... c'est kiff kiff, m'en foue...
stretch

Oui. Mais je parlais de la perception du grand public. Pas de celle des amateurs du genre. C'est pas par hasard, et le 50ème anniversaire de la mort de Django en 2003 joue aussi un role important (Sorti des numeros spéciaux de Jazzman et jazz Magazine, etc).

[trevor]

Lien vers la vidéo

Très beau film!
...Ch'pensait l'avoir déjà vu, mais en fait, ben non...

Bon sinon, je serai curieux de connaitre les noms des musiciens sur le "minor swing" final... J'ai évidemment reconnu Grappelli et Joseph, mais pour le reste mon érudition s’arrête là!
A+

[Paps]

J'ai pas pu le voir encore mais dans le texte dont Groucho a donné le texte, les musiciens de Minor Swing sont dits etre les suivants.

On y reconnaît bien sûr Stéphane Grappelli au violon, mais aussi Hubert Rostaing et Gérard Levêque aux clarinettes, André Ekyan à l’alto, Emmanuelle Soudieux à la contrebasse, Eugène Vées, Henri Crolla et Joseph Reinhardt aux guitares.

Ca parait tout a fait plausible

[Groucho]

Oui ce sont bien ceux-là ! j'aime bien Eugène Vees qui rigole quand Grappelli cite son propre solo de 1937 pendant l'impro...

[Mitch]

Un projet de film biographique est justement à l'étude en ce moment, concentré sur une période très courte. C'est en négociation avec les ayant-droits de Django.

En ce qui me concerne un tel film avec un gadjo dans le rôle titre court à la catastrophe.
Cf le dernier Ridley Scott "Exodus" avec un pharaon blanc...

Ou le film sur Bird où on parle de ses problèmes de came à tel point que le film devient chiantissime...

Bref un tel film demande une connaissance aigüe du sujet, de Django, de cette musique, des manouches...

Cà m'évoque les films sur la 2e guerre mondiale ou chacun est forcément soit résistant, soit collabo alors que 90 % des gens n'avaient qu'une question en tête : "qu'est-ce qu'on va pouvoir manger ce soir ?"... Demandez à ceux qui y étaient...

Je tiens à disposition de producteurs éventuels un synopsis écrit par Alain Antonietto, Didier Portal et moi-même mais cela concernerait un documentaire.

Le film de Paviot reste un modèle, un canon en ce qui concerne la poésie et l'émotion.

PS n'oubliez pas, comme le disait Babik, la "malédiction" concernant les projets de films biographique sur Django...