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Festival International du Jazz Nice 1948

comme son nom l'indique

Festival International du Jazz Nice 1948

Messagepar Groucho » 22 Mars 2014 10:54

C'est singulier de penser que ce festival a été le premier festival de Jazz au monde !

Nice 48 Programme 1ère page.JPG
Nice 48 Programme 1ère page.JPG (50.55 Kio) Consulté 10958 fois


Longtemps nous avons pensé que la photo représentant Django avec la Rio et Stéphane sur une scène un peu classique était une photo des tournées en Italie, Rome ou peut-être même l'inauguration du fabuleux Cinéma Théâtre "Métropolitan" de l'architecte italienne Stefania Filo Speziale à Naples en 1949. Quelques années de recherche plus tard l'idée me vint qu'il était possible que ce soit en fait un photo réalisée à l'Opéra de Nice à l'occasion de ce fameux Festival du Jazz en 1948. En comparant des photos il était clair que c'était ça.

La preuve définitive vient enfin de la prose de Hugues Panassié lui-même qui était comme on le sait le directeur artistique du Festival.

Une autre question que je me posais depuis longtemps était de savoir si Django avait été oublié à cette occasion ou bien si il avait été tardivement recruté pour jouer sur la seconde scène du Festival qui était le Casino de Nice. En fait Panassié répond à cette question en nous disant qu'il avait d'abord interrogé Django pour l'inviter à jouer au Festival mais que Django avait dû refuser car il avait des contrats aux dates du Festival, plus tard on lui annonça qu'en fait le Quintette était disponible, il contacta alors Grappelli et celui-ci, après avoir confirmé qu'ils avaient déjà bel et bien un engagement, décida de participer au Festival en se faisant remplacer par un autre orchestre.
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Re: Festival International du Jazz Nice 1948

Messagepar Groucho » 22 Mars 2014 10:57

Django, Stéphane et le Quintette furent donc engagés pour deux évènements :

- le vendredi 27 février 1948 à l'Opéra de Nice pour un concert
- le samedi 28 février 1948 à l'Hotel Negresco de 22H00 à l'aube dans le cadre de la "Nuit de Nice" une gigantesque jam-session

Nice 48 programme HCQ.JPG
Nice 48 programme HCQ.JPG (39.02 Kio) Consulté 10957 fois


Comment tout cela s'est-il passé ? Ecoutons Hugues Panassié nous raconter cela :

"Samedi 8 Novembre 1947 - Il y a quelques jours, Michel de Bry m’a téléphoné de Paris, me disant que j’étais chargé d’organiser un grand Festival du Jazz à Nice mis sur pied par Nice et la Radiodiffusion Française et m’invitant à engager 4 ou 5 des meilleurs
orchestres américains, qu’on ferait venir de là-bas par avion.

"Mercredi 10 Décembre 1947 - Je demande à Django de jouer au Festival de Nice qui aura lieu en fin Février. Il me répond qu’il ne peut, ayant signé la veille un engagement ailleurs pour cette même date."

"... Suite de la campagne de presse. On a le cynisme de prétendre que je n’ai pas voulu de Django pour le Festival de Nice, alors qu’il m’a dit lui-même qu’il ne pouvait se rendre libre."

"Il (le Maire de Nice) me dit aussi que je devrais engager Django et Grappelli. Je lui fais remarquer qu’ils ne sont pas libres et ont décliné mon offre. « Mais si, réplique-t-il, je reviens de Paris où j’ai parlé avec eux et je peux vous affirmer qu’ils sont libres de venir au Festival. »"

" Je lui dis que s’il en est ainsi, je suis tout à fait d’accord pour que le Quintette vienne au Festival. « Ne pourrait-on ajouter Barelli au Quintette ? » me demande-t-il alors ? Je refuse absolument. J’ai compris : Barelli est Niçois, c’est une histoire électorale.

Je téléphone à Grappelli. Naturellement l’information du Maire de Nice est fausse : le Quintette a un engagement qui l’empêche de venir au Festival. Mais Grappelli me dit qu’il va essayer d’obtenir qu’un autre orchestre les remplace les
27 et 28 Février afin de pouvoir se rendre à Nice pour les 2 derniers jours du Festival."

" Vendredi 13 Février 1948 - Grappelli me dit au téléphone que le Quintette pourra venir à Nice les 27 et 28 Février – pour 180.000 francs ! Je téléphone à Castel qui pousse des cris devant le chiffre mais s’incline parce que c’est le désir du Maire."

" Vendredi 27 Février 1948 - Dans l’après-midi, répétition de tous les orchestres au Negresco dans une pagaïe indescriptible. Django et Grappelli sont là. A l’Opéra, salle pleine parce que c’est le dernier soir et peut-être aussi à cause de l’arrivée de Django et Grappelli."

"Samedi 28 février 1948 - A 10 heures du soir commence « la Nuit de Nice » dans le hall du Negresco. Acoustique épouvantable. On entend les orchestres aussi mal que possible. Il y a plus de 600 personnes mais les gens applaudissent à peine. Yves Montand et Suzy Delair chantent de 11h. à 11h.30. Comme je passe, en habit (de location) près de Ted Curry, celui-ci me dit « You look different tonight ». Conversation avec Grappelli qui estime qu’Earl Hines « n’est pas un pianiste », que Louis est « peu de choses à côté de Gillespie » et trouve Teagarden le seul bon musicien du groupement de Louis. Je lui réponds vertement. La première fois qu’on s’engueule !"

"Samedi 28 Février 1948 - Tous les musiciens sont furieux parce qu’on leur a remis en tout 3 tickets de consommation pour toute la nuit, ce qui ne leur donne droit qu’à 3 petits verres seulement. On ne peut dire que le Negresco fasse les choses avec munificence !
Pire : à 3 heures du matin, alors que la salle est encore à moitié pleine et Louis en train de jouer, on éteint brusquement la plupart des lumières pour faire partir la clientèle ! Et la fameuse « Nuit de Nice » se termine en queue de poisson. Ça aura
été le seul mauvais moment du Festival. J’ajoute que le souper était parfaitement dégueulasse."
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Re: Festival International du Jazz Nice 1948

Messagepar Groucho » 22 Mars 2014 11:35

En fait il s'avère que Django, Stéphane et le Quintette ont été présentés comme des invités d'honneur comme en témoigne l'encart inséré dans le programme avec carton patiné et cordon blanc...


nice vedette surprise.JPG
nice vedette surprise.JPG (38.4 Kio) Consulté 10947 fois
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Re: Festival International du Jazz Nice 1948

Messagepar Groucho » 22 Mars 2014 11:45

Au regard de ce qui est la réalité racontée par Panassié qui eut fort affaire avec l'Ego démesuré des musiciens et autres acteurs de la scène musicale française de l'époque, la fiction de Nevers plume de l'Intégrale Fremeaux (que j'apprécie d'ailleurs) a parfois des accents comiques :

"Une jolie affiche, vraiment, dans le cadre d’un traditionnalisme de bon aloi. Un coup d’essai plutôt réussi, malgré la municipalité timorée et les impresarii gloutons, tel celui qui présidait alors aux destinées de Louis Armstrong. On finit, pour ce premier vrai festival de jazz mis sur pied en France, par en oublier les Français ! Il est vrai qu’on pouvait les entendre partout dans le pays tout au long de l’année. Alors, mieux valait faire venir d’ailleurs des gens plus rares. L’argument, peu de temps après la guerre, l’Occupation et la privation de musiciens américains plusieurs années durant, tient la route. Pourtant, le public, probablement légèrement chauvin, ne l’entendit pas de cette oreille. Pas de Combelle, d’Ekyan, de Brun, de Barelli (natif de Nice !), de Rostaing, de Fol Frères, de Diéval, de Meunier ou de Lévêque, passe encore. Mais pas de Django et de Grappelli, quand ceux-ci étaient là, tout près, c’en était trop (ou, plutôt, pas assez). Les spectateurs ne furent pas les seuls à s’étonner : Rex et Louis demandèrent pourquoi une pointure comme le Sieur Reinhardt avait ainsi été «omis». Il leur fut probablement répondu que celui-ci, trop pris par ses engagements parisiens avait décliné l’offre (qu’on s’était d’ailleurs bien gardé de lui faire). Les autres jazzmen français, teigneux et exclus, firent de leur côté savoir qu’ils ne comprenaient pas pourquoi le plus illustre d’entre eux était considéré comme un pestiféré par les organisateurs. Tant et si bien que Michel de Bry, pas très au courant de la cabale, piqua une grosse colère et fit dare-dare mander le guitareux et le violoneux. On les colla dans le train et, dans la hâte, on embarqua même deux bassistes, Emmanuel Soudieux et Louis Vola, vétéran de la bande tout juste rentré d’Argentine !.. Les repris de justesse du quintette à cordes firent leur entrée majestueuse dans Nice sur une sorte de vélo-taxi hors d’âge piloté par un Django particulièrement goguenard. On ne les entendit que le tout dernier soir, mais ils eurent amplement le temps de faire la bise à Satchmo, à Hines, à Bigard et aux autres... Voilà pourquoi, dans le texte du précédent volume, on a pu lire que Panassié avait soigneusement évité d’inviter Django à Nice et comment Django y vint quand même tirer une jolie langue toute rose au Torquemada de service.

Comme l’on devait s’y attendre dans une telle précipitation, le quintette ne participa qu’à la Nuit de Nice (le 28) et n’eut qu’une seule fois les honneurs de la programmation sur les ondes. Les autres, les «vrais» invités, Armstrong en tête, purent laisser de nombreuses traces, souvent conservées en archives et parfois publiées, dès les années suivantes, sur des 78 tours pas toujours très légaux. Les recherches entreprises auprès des organismes de conservation n’ont guère donné de résultat à l’endroit du plus illustre des jazzmen de France. En somme, il fallut qu’un amateur assez fortuné pour posséder un gros machin à graver des laques (quarante kilos au bas mot – rien à voir avec le sublime DAT !) s’avisât que sa T.S.F. diffusait son musicien préféré, pour avoir le seul et unique témoignage de l’expédition niçoise. Deux malheureuses petites bricoles glanées ainsi au hasard et qui tanguent tellement dans leur approximative gravure, que même la calme Méditerranée, juste en face de l’Opéra où dut se dérouler le concert, en aurait attrapé le mal de mer... Nous avons veillé, en dépit du tangage (ou bien serait-ce du roulis ?), à restituer aux deux morceaux (plus d’un ton trop haut dans le document d’origine) leur véritable tonalité, à savoir Do Majeur pour Swing 42 et Sol mineur pour Nuages... Remercions Jean-Claude Alexandre et Jean Portier, possesseurs l’un et l’autre de cette chose inouïe (au sens propre du terme), de nous l’avoir communiquée...

Couvrant l’événement à la fois pour la revue Jazz Hot et pour le quotidien Combat, un Boris Vian n’apprécia guère, semble-t-il, la prestation des deux vedettes hexagonales («Grappelly et Reinhardt, sans conviction, tournent la même manivelle pour la trente-sixième fois», railla-t-il) lesquelles, là chose est évidente, ne surprenaient plus les connaisseurs, dans le contexte nouveau du be-bop débarquant en force en Europe, comme elles avaient si bien su le faire une douzaine d’années plus tôt... Les grands moments, en musique comme ailleurs, ne durent jamais très longtemps. Moins sévère, le public se montra dit-on ravi. Le festival de jazz de Nice, qui remporta un succès mérité, n’eut pourtant pas de suite immédiate dans cette ville. L’idée d’organiser régulièrement de semblables manifestations, comme cela se pratiquait déjà dans le domaine de la musique dite «classique» ou dans celui du cinéma, fut toutefois retenue. Au printemps de 1949, c’est à Paris que les choses se passèrent. Dans les années 50, les Etats-Unis assurèrent la relève avec la création de Newport et, à la fin de cette décennie, la Côte d’Azur, la French Riviera comme on dit parfois, reprit la main avec la fondation du festival d’Antibes/Juan-les-Pins... En 1974 enfin, soit vingt-six ans après la tentative initiale, Nice redevint un lieu privilégié du jazz grâce à une certaine Grande Parade qui y tint chaque année en juillet ses assises. Cette fois-là, on put de nouveau entendre Earl Hines, mais, hélas, ni Satchmo ni Django ne participèrent aux agapes. Quant à Grappelli, il attendit plusieurs années avant de venir à son tour rendre quelques petites visites aux arènes de Cimiez. en 1998, le vertueux organisateur du moment, gonflé de fierté, osa affirmer, devant une presse se gardant bien de relever le gros mensonge, qu’il s’agissait de la cinquantième édition du festival de jazz de Nice ! En plus, le quidam ne savait pas compter : s’il y avait vraiment eu un festival tous les ans depuis 1948, celui de 1998 aurait été le cinquante et unième !...

Sa participation in extremis au festival avait tant fait plaisir au guitariste que celui-ci intitula illico l’une de ses plus récentes compositions Festival 48. Il eu la joie de l’enregistrer, en compagnie de Stéphane, dès le 10 mars de cette année-là. Petite embellie entre le musicien et le fondateur des disques «Swing», qui autorisa le premier et ses complices à graver ce jour-là sept faces. Ce fut l’occasion de refaire Bricktop, dédié à la chanteuse/tenancière de boîte de nuit Ada Smith, dont la version initiale en 1937 n’avait pas donné complète satisfaction (voir volume 6). Fantaisie est également une composition plus ancienne mais, dans les deux cas, les compères ont choisi de donner à l’ensemble une coloration nettement plus moderne aux allures «bop» indéniables. Parti-pris plus nettement affirmé encore dans le traitement de Festival 48 et de cette autre nouveauté intitulée Mike (alias Micro). Oh ! Lady, Be Good, gentille mélodie de Gershwin datant des années 20 qui en ressort complètement transfiguée, presque méconnaissable, est certainement, avec cet accent de gravité inattendu, la plus étonnante, la plus mémorable de ces gravures de pré-printemps. Par comparaison, le dernier titre – en réalité, un pot-pourri mêlant To Each His 0wn à Symphonie, scie du moment – quasiment interprété en duo guitare-piano (comme si l’accompagnement des trois autres paraissait soudain superflu et, surtout, inadéquat), semble davantage empreint d’une certaine sagesse toute relative..."
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Re: Festival International du Jazz Nice 1948

Messagepar Groucho » 22 Mars 2014 11:57

Deux morceaux ont été enregistrés sur les ondes par les Manouchonautes de l'époque et proviennent par radio de la "Nuit de Nice" au Négresco, ils sont bien entendu dans l'Intégrale Frémeaux :

8. Annonce/Announcement & SWING 42 (D. Reinhardt) (Private Acetate) Unnumbered 2'34
9. NUAGES (D. Reinhardt) (Private Acetate) Unnumbered 1'52

8 & 9 LE QUINTETTE DU HOT CLUB DE FRANCE
Stéphane GRAPPELLI (vln) ; Django REINHARDT (g solo) ; Joseph REINHARDT, René “Challain” FERRET (g) Emmanuel SOUDIEUX (b) ; prob. Gilbert CAZENEUVE (ann.). NICE, 28/02/1948 (En direct depuis le/Live from the “Festival de Jazz de Nice”).

Pour la petite histoire ce furent Louis et Suzanne Nucéra (grand ami de Brassens) qui allèrent accueillir Django Reinhardt et Stéphane Grappelli à leur arrivée à la Gare de Nice le 28/02/1948.

L'INA a toujours les enregistrements effectués sur le transmissions du Festival dont on peut entendre un extrait ici => http://www.ina.fr/audio/PHD85024562 mais malheureusement il semble que l'enregistrement du concert de Django manque...
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Re: Festival International du Jazz Nice 1948

Messagepar Groucho » 22 Mars 2014 12:19

Le "clan" Delaunay répliqua en 1949 organisant un deuxième festival à Paris et cette fois-ci Django fût officiellement invité mais n'y joua pas !

Allez comprendre !

1949 Paris Jazz Festival.gif
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Re: Festival International du Jazz Nice 1948

Messagepar Groucho » 22 Mars 2014 12:27

De nombreux documents intéressants sont présents sur le site de Louis Panassié fils de Hugues.

https://sites.google.com/site/louispanassie/home/hugues-panassie
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Re: Festival International du Jazz Nice 1948

Messagepar stretch » 22 Mars 2014 13:05

Merci Groucho, voilà pourquoi on aime ici!!!
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Re: Festival International du Jazz Nice 1948

Messagepar pascal.ch » 22 Mars 2014 13:27

Super contre-rendue et fort intéressant
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Re: Festival International du Jazz Nice 1948

Messagepar Groucho » 23 Mars 2014 10:27

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Re: Festival International du Jazz Nice 1948

Messagepar Groucho » 26 Mars 2014 13:42

Voilà le Casino Municipal de Nice où se tenaient certains concerts :


Casino municipal Nice 1948.JPG
Casino municipal Nice 1948.JPG (53.25 Kio) Consulté 10718 fois



D'après Panassié il parait que l'acoustique y était absolument horrible ...
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Re: Festival International du Jazz Nice 1948

Messagepar HARLEY » 26 Mars 2014 21:23

Groucho a écrit:Voilà le Casino Municipal de Nice où se tenaient certains concerts :


Casino municipal Nice 1948.JPG



D'après Panassié il parait que l'acoustique y était absolument horrible ...


Je confirme sonorité catastrophique, pour l'avoir connu et tester.
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Re: Festival International du Jazz Nice 1948

Messagepar Groucho » 26 Mars 2014 21:52

Est-ce que par hasard tu y a joué en 1948 ? :aclame:
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Re: Festival International du Jazz Nice 1948

Messagepar Mitch » 27 Mars 2014 20:53

"Couvrant l’événement à la fois pour la revue Jazz Hot et pour le quotidien Combat, un Boris Vian n’apprécia guère, semble-t-il, la prestation des deux vedettes hexagonales («Grappelly et Reinhardt, sans conviction, tournent la même manivelle pour la trente-sixième fois», railla-t-il) lesquelles, là chose est évidente, ne surprenaient plus les connaisseurs, dans le contexte nouveau du be-bop débarquant en force en Europe, comme elles avaient si bien su le faire une douzaine d’années plus tôt"

Vian et ses critisues assassines... il est quand même pas tendre ni franchement objectif je pense car en ce qui me concerne, Django à l'acoustique en 1948 c'est peut-être ce que je préfère, cinglant et moderne !
"[i]Je n'aime pas les animaux préhistoriques partouzeurs de droite... mélanger comme çà sexe et politique.. c'est dégueulasse[/i]"
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Re: Festival International du Jazz Nice 1948

Messagepar HARLEY » 27 Mars 2014 23:14

Groucho a écrit:Est-ce que par hasard tu y a joué en 1948 ? :aclame:


Non pas en 1948, mais en 1965 et le son était vraiment minable.
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Re: Festival International du Jazz Nice 1948

Messagepar joel » 27 Mars 2014 23:23

Mitch a écrit:"Couvrant l’événement à la fois pour la revue Jazz Hot et pour le quotidien Combat, un Boris Vian n’apprécia guère, semble-t-il, la prestation des deux vedettes hexagonales («Grappelly et Reinhardt, sans conviction, tournent la même manivelle pour la trente-sixième fois», railla-t-il) lesquelles, là chose est évidente, ne surprenaient plus les connaisseurs, dans le contexte nouveau du be-bop débarquant en force en Europe, comme elles avaient si bien su le faire une douzaine d’années plus tôt"

Vian et ses critisues assassines... il est quand même pas tendre ni franchement objectif je pense car en ce qui me concerne, Django à l'acoustique en 1948 c'est peut-être ce que je préfère, cinglant et moderne !

J'ai lu énormément de papiers de Vian dans Jazz Hot je l'ai jamais vu dire du mal de Django. Après on a pas entendu le concert, et on a tous des mauvais jours.

Sans compter que là c'est une rumeur de Panassié (!!) sur ce que Vian "aurait" dit d'un concert du QHCF. Quand on connait l'historique entre les deux plumitifs, c'est assez peu objectif. Et quant à la merde dans les oreilles, pour avoir lu des critiques de Panassié c'était plutôt son domaine.

Dans son dictionnaire du Jazz, sur Miles Davis « Trompette né à Alton, Illinois, en 1926, qui a délibérément tourné le dos à la tradition musicale de sa race et qu’on peut citer en modèle de l’anti-jazz. » A noter aussi qu'il crachait sur Gillespie, Parker, Monk, etc... et que par ailleurs il encensait Mezz Mezzrow. :applause:
Et dire qu'on fait des gorges chaudes de Django...
David Guetta avec un seul doigt il domine le monde de la musique.
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Re: Festival International du Jazz Nice 1948

Messagepar AllezAlainRockOn » 28 Mars 2014 00:26

poil au dos.
---

Merci Groucho.
Artisanal mais gratos.
" L' Homme n'est kune rillettes ." ( Alain De Milly: Grand Philosophe et Poète Français )
/\ \_ /\ / /\/---♪-♫♫♪
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Re: Festival International du Jazz Nice 1948

Messagepar Groucho » 28 Mars 2014 09:13

En fait ce Festival International du Jazz, le premier en absolu de l'histoire du Jazz, est emblématique de ce qui se passait à cette époque : il y avait de l'orage dans l'air. C'est Panassié qui fût le directeur artistique du Festival et il est clair qu'il a cherché, et c'est normal, à présenter le Jazz selon sa vision des choses c'est à dire celui d'un Jazz très classique.

Avouons que choisir cinq ou six orchestres pour représenter le Jazz dans son ensemble était une tache ardue : qui prendre ? des big-bands ou des petites formations ? du bebop ? des français ou des américains ? Je pense qu'il a fait en partie ce qu'il a pu et économiquement il a même du garantir de sa poche certains engagements à une époque à laquelle le franc avait été dévalué ce qui rendait notre pouvoir d'achat de musiciens américains beaucoup plus faible... Le résultat des courses c'est sans doute que tout le monde lui en voulait, Ekyan ne le saluait plus etc...

Il y avait à cette époque une guerre en cours en France entre les partisans du "Vrai Jazz" guidés par Panassié effectivement et affectivement très lié à Armstrong, Mezz Mezzrow (dont il faut lire le bouquin "La Rage de Vivre" qui est excellent) etc... De l'autre côté il y a Delaunay qui hérite du Hot Club de France et de Swing (le bras armé de la production discographique), un Delaunay tourné vers le Jazz plus moderne né pendant la guerre à l'abri de nos oreilles occupées.

Comment Django Reinhardt était-il classé à l'époque ? était-il classé moderne puisque pratiquant lui-même le bebop (en arrivant aux Etats-Unis il demande tout de suite où joue Gillespie) ou encore était-il jugé comme surclassé par le nouveau Jazz comme justement Mitch nous le rappelle en disant que Vian l'avait durement et un peu injustement critiqué («Grappelly et Reinhardt, sans conviction, tournent la même manivelle pour la trente-sixième fois»).

Je pense que Panassié n'avait pas vraiment classé Django comme moderne car je pense qu'il aurait alors catégoriquement refusé de l'inviter au Festival de Nice, d'un autre côté Grappelli et le HCQ tardent à répondre puisque leur oui n'arrive que 10 jours seulement avant le début du Festival et font monter la sauce en demandant 180.000 francs c'est à dire quand même plus de 60.000 Euros actuels (Django savait discuter le cachet et demandait souvent à être payé comme une star hollywoodienne) ... On accepte vite fait et on imprime alors en hâte un carton luxe que l'on rajoute pour présenter Django en invité surprise car le reste du catalogue du Festival est déjà imprimé depuis longtemps.

Delaunay a-t-il classé Django dans les modernes ? je ne pense pas comme beaucoup il a le regard tourné vers les Etats-Unis et vers
Parker, Gillespie, Miles etc...

Vian quant à lui est un grand amateur de la musique de Chicago, disciple à la trompette du grand Bix Beiderbecke qu'il préfère sans doute à Armstrong et puis aussi Vian a un deuxième amour c'est Duke Ellington et la musique des grands orchestres et souvent à cette époque ses écrits encensent la composition orchestrale. La petite formation de Django sonne un peu pâle à côté d'un grand orchestre et des nuances que la musique des big-bands peut fournir. Pour Vian le moderne c'est avant tout la musique d'orchestre et les formations typiquement bop.

Je ne sais pas si Django était complètement satisfait à l'époque de sa collaboration avec Grappelli. En 1947 Django, déjà libéré de l'excellent Rostaing pour un problème de salaire et sans doute aussi pour bien d'autres motifs aussi, tente beaucoup de choses différentes l'utilisation de la guitare électrique et des retours à l'expressivité de la guitare acoustique Selmer. En 1948 il rempile avec Grappelli car ils sont invités à jouer en Angleterre et en Suède c'est un bon business mais ça reste surtout un business car ce que veulent les anglais et les suédois c'est réentendre le Django dont la guerre les a privé et honnétement ce n'est pas moi qui me plaindrait. Mais à cette occasion Django ne se démarque pas radicalement des recettes du passé en ce qui concerne le fonctionnement du groupe, même formation retour aux deux guitares d'accompagnement (Joseph et Challain), mêmes instruments sauf qu'au dernier moment Django prends la guitare électrique de Cavalli pour moderniser le look et teinter le son.

Donc je pense que Vian a un peu raison et que Django n'a pas vraiment tenté à cette occasion de présenter une nouvelle évolution de sa musique et de jouer "autre chose". En effet le répertoire, sauf Festival 48 un morceau assez bop quand même, est celui du Quintette d'avant guerre. Je pense que Django est allé ramasser le blé qui trainait et c'est juste au fond. D'un autre côté le Festival n'avait comme véritable révolution que celle de présenter des jeunes comme Luther qui jouaient une musique hyper traditionnelle (et excellente également) c'est à dire un émule de Bechet, et d'Armstrong comme Mezz Mezzrow. Attention Mezzrow avait quand même une âme (frelatée certes) et quand il soufflait dans son bignou c'était le sermon du dimanche, c'était le rocker de l'époque.

Django a retenté la même approche en 1949 pour le Festival organisé par Delaunay mais cette fois cela n'a pas marché et je pense aussi qu'étant en pleine crise de paradontite (perte des dents) et il n'était certes pas au mieux de sa forme. C'est Ekyan qui le sortira comme on le sait de cet enfer et lui rendra le sourire.
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Re: Festival International du Jazz Nice 1948

Messagepar Groucho » 28 Mars 2014 11:11

Voilà comment Grappelli parle de la question dans son livre de mémoires "Un violon pour tout bagage" :

Grappelli un violon pour tout bagage mémoires Nice 48.JPG
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Re: Festival International du Jazz Nice 1948

Messagepar stretch » 28 Mars 2014 11:22

"...De grands musiciens,au même titre... que... Miles à ses débuts..."
:applause: :aclame: 8)
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